Éthiopie

Réduction de la pauvreté et renforcement des capacités au moyen d’une formation aux compétences de subsistance – EXPRO Éthiopie

Ministère de l’Éducation
Association allemande d’éducation des adultes (DVV) - International

Profil du pays

Population : 77 431 000 (2005)
Taux d’alphabétisation des adultes : 35 % (2004)
Population sous le seuil national de pauvreté : 44.2 (2000)
PIB par habitant (PPP) en $US : 756 (2004)

Contexte

L’Éthiopie est une nation multiethnique, multilingue et multiculturelle de la Corne de l’Afrique. Elle compte actuellement bien plus de 75 millions d’habitants, ce qui en fait la deuxième nation la plus peuplée d’Afrique. Avec un PIB réel par habitant d’environ 90 $US, c’est l’un des pays les plus pauvres du monde. Environ 60 % de la population adulte est illettrée. En Éthiopie, près de 40 % de la population totale, dont la majorité sont des jeunes et des adultes illettrés et sans terre, vit dans une pauvreté totale. Ces groupes ne disposent pas des compétences monnayables minimales requises pour gagner leur vie et ne peuvent pas les acquérir.

Le gouvernement éthiopien considère que l’éducation est l’un des secteurs-clés du développement. Bien qu’il ait accordé une priorité maximale à l’éducation primaire et aux sous-secteurs TVET (formation et éducation professionnelle technique) dans l’éducation, l’éducation des adultes et l’éducation non formelle ont constitué le sous-secteur le moins important et n’ont été soutenues que de façon marginale pendant la dernière décennie. Ce n’est que récemment que l’éducation non formelle (NFE) a reçu un meilleur soutien politique comme voie alternative à l’éducation de base. En outre, les initiatives et activités d’éducation pour les adultes et d’éducation non formelle orientées vers la subsistance, menées par les ONG, ainsi que par les organisations à base communautaire, ont été reconnues comme des contributions importantes au développement du système éducatif, mais aussi, progressivement, comme moyen de réduire la pauvreté.

La DVV assiste le programme de formation de base du ministère de l’Éducation et quelques bureaux d’éducation régionaux depuis qu’elle a commencé à venir en aide à l’Éthiopie en 1995. En 2002, la DVV a entrepris au nom de la Banque mondiale une étude exhaustive sur « la formation d’alphabétisation et d’acquisition de compétences pour une meilleure existence » en Afrique afin d’évaluer l’efficacité des programmes d’éducation et de formation pour les populations pauvres. L’un des résultats généraux a été que les programmes commençant par ou concentrés sur la subsistance semblent plus efficaces que les programmes concentrés seulement sur l’alphabétisation. Le projet EXPRO, approche combinée orientée vers la subsistance, a été progressivement mis au point conjointement par le ministère de l’Éducation, les bureaux d’éducation régionaux, les commissions TVET et le bureau national de la DVV.

Le projet EXPRO a évolué au cours des années, pour répondre à des demandes pratiques, mais aussi à la suite de plusieurs interventions pratiques. Des stratégies et des méthodes ont été mises au point en coopération étroite avec le ministère de l’Éducation, les bureaux d’éducation régionaux et les experts régionaux, ce qui les rend pertinentes dans le contexte national.

Programme

Le but du projet EXPRO est d’établir un modèle de Centres de formation aux compétences – principalement des Centres de formation communautaires (CSTC), des Centres de formation professionnelle (VTC) et des centres TVET ruraux – dans des environnements géographiques et socioéconomiques divers . Ces centres sont conçus pour apporter une formation systématique aux personnes désavantagées en matière d’éducation, qui vivent principalement dans les zones rurales. Par ailleurs, EXPRO cherche à contribuer à la réduction de la pauvreté dans des régions/ États fédéraux sélectionnés d’Éthiopie en aidant les jeunes et les adultes vivant dans la misère à améliorer leur existence.

Le programme est actuellement mis en œuvre par les Bureaux d’éducation régionaux (REB), les commissions de Formation et d’éducation professionnelle technique (TVET) et une association de femmes dans six régions/ États fédéraux d’Éthiopie. Jusqu’ici, dix-sept Centres de formation communautaires (CSTC) modèles ont été mis au point comme :

Le groupe-cible du programme sont les jeunes et les adultes n’ayant pas achevé leur éducation primaire ou secondaire, sans accès à une éducation professionnelle ou supérieure formelle, et ceux sans aucune éducation. Cependant, la préférence est donnée aux populations pauvres des zones rurales, où le taux de pauvreté est particulièrement élevé.

Les activités du programme sont basées sur des stratégies et des méthodes directives, qui se sont avérées efficaces dans d’autres contextes, à savoir :

a)
assurer l’information, la sensibilisation et l’orientation des décisionnaires et des personnes-clés car sans leur soutien, les innovations majeures ont peu de chance d’être appliquées.
b
Faire participer les ministères concernés, tels que ceux responsables du renforcement de capacités, de l’agriculture et de la santé, ainsi que le ministère de l’Éducation, car les interventions éducatives seules sont insuffisantes pour obtenir une réduction durable de la pauvreté.
c)
Faire participer des groupes-cibles et leurs communautés à la planification et à la mise en œuvre. La conception du programme et les méthodes participatives doivent veiller à ce que la communauté se sente concernée et participe activement.
d)
Concevoir le programme et le contenu de la formation en privilégiant les compétences de subsistance. Le terme « subsistance » est utilisé par EXPRO dans le sens traditionnel de gagner sa vie dans une société à prédominance agraire. Le type de compétences et, donc, le programme qui s’applique à un domaine particulier sont identifiés grâce à une analyse de la situation et à une ERP (Évaluation rurale participative), associées à une analyse de marché et à une évaluation des besoins en formation.
e)
Orienter les programmes de formation vers le marché et la demande. Il est de la plus haute importance qu’une analyse de marché associée à une évaluation des besoins en formation soit effectuée avant de commencer toute formation. Suivant l’emplacement géographique du CSTC, il existe actuellement trois façons de choisir les domaines de compétences : selon les besoins en subsistance, selon les besoins du marché ou selon les besoins en formation.
f
Lier le programme à des établissements de crédit et des institutions qui aident la création d’entreprises. Il est important de faire participer dès le début les institutions concernées, les banques, les ONG et les centres d’information sur le micro/ petit crédit à la planification du programme de formation annuel.
g)
Orienter les programmes vers des groupes soigneusement sélectionnés tels que les filles et les femmes des zones rurales, les jeunes sans terre, les déscolarisés et les autres personnes motivées qui vivent dans la pauvreté. Ces groupes participeront sans aucun doute pleinement à la formation, mais lanceront aussi certainement des initiatives rémunératrices par la suite. Les critères d’éducation et de motivation doivent être soigneusement étudiés avant que les participants potentiels ne soient invités.
h)
Appliquer les méthodes de recherche de base pour analyser les zones, les marchés, les besoins en formation et en institutions et les programmes de planification et d’évaluation. Une formation systématique doit être organisée pour permettre aux adultes et aux planificateurs de la NFE, aux formateurs de formateurs (ToT) en compétences de subsistance et aux coordinateurs de CSTC d’appliquer ces méthodes correctement.
i)
Favoriser le renforcement de capacités grâce à l’approche ToT et au partage d’expérience entre les régions.
j)
Former les coordinateurs selon les besoins du programme. La formation est rationalisée strictement selon les besoins du programme. Par ailleurs, elle propose de nouveaux aspects tels que l’alphabétisation associée à la subsistance, la mobilisation des ressources et la collecte de fonds, ainsi que la coopération avec d’autres secteurs.
k)
Utiliser la formation pour informer les stagiaires sur le HIV/sida et leur apporter un enseignement sur le sujet. Chaque fois que des jeunes et des adultes se rassemblent à des fins d’enseignement ou de formation, l’occasion doit être saisie d’informer les stagiaires et, si possible, de leur enseigner l’impact du HIV/sida et la façon de lutter contre.
l)
Réaliser des outils de formation pertinents en plusieurs langues. Aucune autre organisation ou institution gouvernementale et aucune ONG d’éducation pour les adultes dans le pays ne produit d’outils pour les formations aux compétences de subsistance et les formations professionnelles non formelles. Il est urgent de concevoir, produire et traduire en au moins trois langues des outils de formation.
m)
Suivre une approche progressive de développement d’un modèle de CSTC. EXPRO a mis au point un guide sur le « Nouveau profil d’un modèle de CSTC » comprenant « Dix étapes d’activité de base » qui doit être suivi afin d’identifier et d’exploiter les ressources potentielles pour la génération de revenus.
n)
Augmenter la zone de couverture des CSTC en mettant à disposition des hébergements et/ou des centres satellites. La mise à disposition d’hébergements de base, notamment pour les filles et les femmes, permet d’augmenter la zone de couverture de façon significative.
o)
Utiliser les coopérations existantes et en promouvoir de nouvelles entre les communautés, les OBC (organisations à base communautaire), les ONG, les associations régionales et les organisations gouvernementales.

Leçons apprises

La formation aux compétences est l’une des façons principales d’améliorer l’existence des populations pauvres. Il faut encore décider si l’alphabétisation doit être incluse dans la formation aux compétences ou dispensée séparément. L’évaluation d’impact d’un programme pilote de trois ans a montré que ce type d’éducation pour adultes contribue à réduire la pauvreté. Les réactions des groupes-cibles, des parties prenantes locales, des experts en éducation pour adultes et non formelle, des administrateurs et des politiques concernés ont été majoritairement positives et encourageantes. Les personnalités politiques et administrateurs qui se sont engagés à réduire la pauvreté doivent envisager une application à grande échelle du modèle EXPRO. Les donneurs multilatéraux et bilatéraux sont requis d’apporter leur soutien.

Contact

Dr Bernd Sandhaas
Director
DVV Regional Office East Africa
PO Box 34 743
Addis Ababa
Ethiopia
e-mail: iiz.dvv@telecom.net.et