Ghana
Programme d'alphabétisation du GILLBT
Institut ghanéen de linguistique, alphabétisation et traduction de la Bible (GILLBT)
Profil du pays
Population : 20 669 000 (2005)
Population vivant avec moins de 2 USD par jour : 78.5 % (2007)
Taux d’alphabétisation des adultes : 58 % (2007)
Contexte
La politique nationale officielle du Ghana, dont les grandes lignes ont été exposées dans Vision 2020 (1996), spécifie que chaque enfant a droit à dix ans d’éducation primaire de six à seize ans. L’enseignement doit être dispensé pendant les trois premières années dans la langue locale, puis pendant sept ans en anglais, la langue officielle du Ghana. L’objectif principal de Vision 2020 est de réduire la pauvreté et d’améliorer la qualité de vie des populations, tout en renforçant la prise de conscience des citoyens de leurs droits. Malheureusement, la mise en œuvre du programme s’est heurtée à des obstacles majeurs et, malgré les efforts louables du gouvernement ghanéen pour faire progresser l’alphabétisation, seules 15 des 63 langues locales sont actuellement couvertes en termes de matériel pédagogique et de formation des enseignants.
Depuis 1973, l’Institut ghanéen de linguistique, alphabétisation et traduction de la Bible (GILLBT) applique avec succès un programme d’alphabétisation communautaire au sein de 34 groupes linguistiques des régions les plus pauvres et les moins alphabétisées du pays. En effet, la situation dans le Nord et le Centre du Ghana est considérée comme pire que celle des autres régions (avec un taux d’analphabétisme des adultes inférieur à la moyenne nationale de 30 % environ et une proportion d’enfants non scolarisés supérieure à l’estimation de 25 % pour tout le pays). C’est la raison pour laquelle les activités du GILLBT ciblent spécifiquement ces parties du pays.
Programme
Le but du programme d’alphabétisation du GILLBT est de faciliter l’émancipation de la population rurale adulte afin de mettre fin à son exclusion sociale, économique, spirituelle et politique. Le programme est centré sur 22 groupes linguistiques que l’on trouve pour la plupart dans les zones rurales peu développées du Ghana, dans le Nord du pays et le Nord de la région de la Volta. Les activités sont réalisées par 3000 volontaires locaux, enseignants et superviseurs. Le programme touche chaque année un total de 37 000 apprenants.
Le programme d’alphabétisation dispense des compétences de base en lecture, écriture et calcul. Le cursus d’alphabétisation fonctionnelle est suivi de cours d’alphabétisation avancée dans la langue locale et en anglais pour permettre aux apprenants de profiter d’autres possibilités d’apprentissage. Le programme inclut d’autres éléments tels que prévention du VIH/SIDA, activités génératrices de revenus et approche fondée sur le droit de l’émancipation et de l’égalité des sexes.
Pour son programme, le GILLBT a développé un modèle en cinq phases dont le but est d’améliorer le niveau d’éducation des groupes linguistiques de minorités rurales. Dès qu’un nombre suffisant d’apprenants et d’organisateurs aura acquis des compétences d’alphabétisation dans chaque groupe linguistique, ils deviendront autosuffisants. Il s’agit ici de transmettre progressivement les responsabilités aux communautés locales, et donc de les préparer à une gestion autonome et autosuffisante.
Le GILLBT a également mis au point une structure qui spécifie les fonctions des parties prenantes du programme et des principaux participants. Elle donne aux populations locales le principal pouvoir de décision au niveau du projet. Des coordinateurs régionaux assurent la liaison entre le siège de l’organisation à Tamale et les chefs de projets locaux. Leur rôle consiste essentiellement à suivre et à superviser la progression des projets. Le siège de son côté sollicite des appuis et établit des réseaux avec les donateurs et d’autres organisations. Du fait de la transmission des responsabilités aux populations locales, le siège du GILLBT est relativement réduit : outre le Directeur national de l’alphabétisation, le Département Alphabétisation compte 12 membres nationaux et régionaux qui coordonnent tous les projets linguistiques.
Les communautés auxquelles s’adresse le programme du GILLBT dépendent pour la plupart de l’agriculture de subsistance et tirent quelques revenus supplémentaires de cultures commerciales. Les populations et les chefs des communautés ont exprimé le désir d’apprendre à lire et à écrire dans leur langue maternelle dès le lancement du programme. Les communautés ont contribué au programme en permettant à des individus de suivre une formation de volontaires, superviseurs et enseignants. Elles ont également pris diverses mesures d’incitation sous forme de nourriture ou de travail non rémunéré sur les exploitations des volontaires.
Les animateurs-formateurs sont formés à leur langue (y compris ses structures grammaticales), ainsi que, entre autres, aux techniques de la formation d’adultes et à des approches participatives (PRA). Les cours annuels destinés aux animateurs-formateurs font aussi partie du programme. Outre l’enseignement proprement dit, les cours dispensés aux apprenants comportent des séances de discussion et des séances participatives, des échanges d’idées sur des sujets pertinents et des activités de théâtre. Chaque participant reçoit un certificat à l’issue d’un test final.
Les cours d’alphabétisation fonctionnelle comprennent une formation à certaines pratiques commerciales telles que la comptabilité et aux techniques appropriées, de la phase de démarrage initiale à la phase de commercialisation. Ils informent aussi les apprenants de manière à leur faire prendre conscience de leurs droits civiques et des possibilités de réformes pacifiques. Le but est de permettre à l’alphabétisation de jouer un rôle fonctionnel et significatif dans la vie quotidienne afin de :
- faciliter l’éducation fonctionnelle des adultes au sein de la communauté, dans le but de promouvoir un développement durable local ;
- accroître les compétences d’alphabétisation (dont le calcul) des minorités rurales pour permettre l’introduction de nouvelles idées qui amélioreront leur bien-être global, et plus tard étendre leurs compétences à l’anglais pour faciliter leur intégration économique, sociale et politique au reste de la société ghanéenne ;
- promouvoir les activités génératrices de revenus pour que les apprenants puissent accéder à l’autosuffisance à long terme et acquérir des compétences en matière de gestion et d’administration ;
- améliorer le statut des femmes au sein des communautés et renforcer leur participation, à la fois en tant qu’apprenantes et en tant qu’organisatrices. Cet objectif est appuyé par le volet en faveur de l’égalité des sexes (GPP) du programme d’alphabétisation ; et
- tirer profit des compétences d’alphabétisation acquises pour traiter des questions telles que la santé (VIH/SIDA et autres MST, malaria, etc.), la citoyenneté responsable et l’égalité des sexes.
Depuis son lancement en 1973, le programme du GILLBT a réalisé les objectifs suivants :
- Plus de 500 000 personnes ont été fonctionnellement alphabétisées et ont réussi le test préconisé par le GILLBT.
- Trois groupes linguistiques ont atteint la cinquième phase et sont devenus des ONG autonomes.
- 10 000 lauréats du programme d’alphabétisation ont réussi leur passage à l’éducation formelle, parmi lesquels 500 ont obtenu un travail, 6 ont fait des études universitaires et 100 ont poursuivi leur formation dans d’autres institutions tertiaires.
- Conjointement avec la Commission nationale pour l’Éducation civique (NCCE), la Constitution abrégée de 1992 du Ghana a été traduite en 30 langues.
- La scolarisation globale dans les trois régions du Nord sur lesquelles les activités du GILLBT sont centrées a augmenté de manière significative depuis quelques années.
- Plus de 1000 brochures sur des questions d’actualité ont été rédigées dans des langues locales. En 1991, l’UNESCO a récompensé le GILLBT pour ses efforts dans le développement de la documentation écrite en Afrique.
Les activités d’alphabétisation du GILLBT présentent les caractéristiques essentielles pour assurer le succès du programme. L’organisation peut compter sur une équipe engagée, une gestion et une administration efficaces, une forte participation et un soutien au niveau local, ainsi que des méthodes et supports pédagogiques appropriés et culturellement sensibles. Elle dispose d’importants effectifs d’enseignants et de superviseurs volontaires au sein de la population qui garantissent la viabilité du programme. Cependant, le GILLBT ne bénéficie d’aucune source de financement garantie à long terme et se trouve en surdépendance (70 % du budget annuel) par rapport à un petit nombre de donateurs extérieurs dont le soutien indéfectible doit beaucoup à la bonne réputation que l’organisation a acquis avec le temps grâce à sa gestion prudente des ressources.
Parmi les principaux donateurs du programme figurent SIL International, la Fondation Oikonomos (Pays-Bas), Wycliffe Australia et Tearfund (R.-U.). Le GILLBT travaille également en étroite collaboration avec le Département de l’Éducation non formelle du gouvernement ghanéen, ainsi qu’avec l’Institut d’Éducation des adultes de l’Université du Ghana (Lagon).
Leçons tirées
Malgré le succès des projets du GILLBT et les efforts d’autres programmes sur le terrain, l’analphabétisme reste un problème au Ghana, surtout dans les régions pauvres du Nord. L’engagement du gouvernement est essentiel pour la promotion de l’alphabétisation fonctionnelle et il faut espérer qu’il continuera d’y apporter le même soutien à l’avenir.
Les services fournis bénévolement par les communautés ont contribué au développement des projets en permettant au GILLBT de consacrer ses ressources limitées à l’achat de matériel d’apprentissage et d’enseignement indispensable. Le programme comprend la participation de membres de communautés locales à la gestion des activités, c’est ce qui explique qu’il ait pu continuer même sans financement à long terme garanti.
Le recours aux volontaires s’est également avéré être un moyen efficace d’obtenir la participation, l’appropriation et le soutien de la communauté. De l’avis général, la participation des volontaires à différents niveaux du projet a aidé à diminuer son coût global. C’est également dans les rangs des volontaires que se sont trouvées des personnes engagées pour pendre en charge le programme d’alphabétisation du GILLBT.
Cependant, le programme ne pourra pas indéfiniment compter uniquement sur le volontariat. La nature communautaire du projet et la reconnaissance sociale acquise par le travail volontaire ont suffi jusqu’à présent à assurer la poursuite des activités. Le projet n’en doit pas moins se préparer financièrement à de futures demandes d’une forme de rémunération de la part des enseignants et des superviseurs.
La capacité de l’Institut à mener des projets d’alphabétisation à grande échelle pendant aussi longtemps constitue en soi une réussite majeure. Au cours des dernières décennies, les efforts du GILLBT en matière d’alphabétisation ont surpassé ceux d’autres acteurs nationaux généreusement financés par de grands donateurs internationaux.
Contact
George Maalug Kombian
Directeur national de l’alphabétisation
Institut ghanéen de linguistique, alphabétisation et traduction de la Bible (GILLBT)
P.O.BOX TL 378
Tamale
Ghana
litadmin_gillbt@sil.org
george_maalug@sil.org