Ghana

Qualité d’Éducation pour Tous (EQUALL)

Profil du pays

Population : 20 669 000 (2005)
Population vivant avec moins de 2 USD par jour : 78.5 % (2007)
Taux d’alphabétisation des adultes : 58 % (2007)

Contexte

Le Plan Stratégique pour l’Éducation du Ghana stipule que tous les enfants devraient être scolarisés d’ici 2015. En outre, tous ceux quittant l’enseignement fondamental doivent savoir lire, écrire et compter de manière fonctionnelle. Cependant, à peine 52 % de la population d’âge scolaire atteignent actuellement le « sixième grade » (niveau sixième). Parmi ceux qui terminent leur enseignement primaire, seuls 23 % ont un bon niveau d’anglais qui est la langue officielle du Ghana et la langue principalement utilisée durant la scolarité. La région nord a le niveau le plus bas en matière d’achèvement de la scolarité et de performance des élèves avec un taux d’alphabétisation de seulement 5 % et 40 % d’enfants non scolarisés en âge de l’être.

La langue maternelle de la plupart des Ghanéens est l’une des 63 langues locales. La nouvelle réforme de l’enseignement indique que, lorsque cela est possible, les écoles devraient utiliser la langue maternelle pour l’alphabétisation et comme véhicule d’instruction des classes 1 à 3 (CP au CE2). Cependant, au niveau du programme, peu de choses sont en place pour le permettre du fait d’une insuffisance d’alphabétisation efficace aussi bien dans les langues ghanéennes qu’en anglais.

Programme

Qualité d’Éducation pour Tous (EQUALL) est un projet sur cinq ans (2004-2009) financé par l’USAID. Son but est d’encourager les programmes d’alphabétisation et d’aider le Ministère de l’Éducation et des Sports ainsi que le Service Enseignement du Ghana dans leur lutte contre l’analphabétisme. Certains des principaux objectifs du programme visent à :

  1. augmenter l’accès à l’enseignement de base pour les enfants, en particulier les filles, qui n’ont pas eu la possibilité de fréquenter l’école ;
  2. améliorer les pratiques pédagogiques de lecture ; et
  3. améliorer les pratiques de gestion de l’enseignement.

EQUALL soutient actuellement deux programmes gouvernementaux : a) le Programme d’Éducation Complémentaire (CEP) et b) le Programme d’Amélioration de la Lecture dans l’Enseignement Primaire (RIPE).

a)
Le Programme d’Éducation Complémentaire (CEP), initié en 1985, a été conçu pour les enfants non scolarisés ou qui abandonnent l’école à cause de la pauvreté et/ou du besoin de travailler sur les fermes ou à la maison. Il s’agit d’un programme d’enseignement informel pour les enfants de huit à quatorze ans offrant une instruction dans la langue locale et en anglais afin de préparer les élèves à entrer au « quatrième grade » (niveau CM1) du système scolaire classique.

Les enseignants travaillent sur une base de volontariat et leur sélection est organisée au niveau local. Ces volontaires reçoivent 21 jours de formation initiale et deux cours de formation complémentaire à des intervalles de deux à trois mois. Ils reçoivent moins de 10 USD par mois en guise de « soap money » (argent de poche) pour trois heures d’enseignement par jour. Dans certains cas, les enseignants se portent également volontaires pour faire des classes supplémentaires l’après-midi. Les apprenants effectuent neuf mois de scolarité dans leur langue locale. Il existe aujourd’hui des supports d’apprentissage dans quatre langues qui pourraient facilement être traduits dans les autres langues locales. Le CEP utilise une approche participative et centrée sur l’apprenant qui fait appel à la créativité des enseignants volontaires. Les enseignants du système classique qui sont volontaires dans le cadre du CEP ont fait appel à ces méthodes pour leurs classes et des efforts au niveau national ont tenté d’intégrer la méthodologie dans le système.

Le programme CEP s’est associé au remarquable programme « School for Life » (école pour la vie) qui a été soutenu par la Coopération Danoise depuis 1985. Il utilise les mêmes supports que School for Life avec deux mois d’anglais supplémentaires à l’issue des neufs mois d’enseignement dans la langue locale. Cela prépare l’entrée des enfants dans les écoles classiques où l’anglais est utilisé comme principal véhicule d’enseignement. Les supports du programme sont constitués de guides des enseignants pour la langue locale et l’anglais, et de manuels pour les apprenants. On apprend aux enseignants à produire des supports pédagogiques, comme les cartes-éclairs et les aides visuelles, à partir des matériels disponibles sur place. On insiste tout particulièrement sur le développement, chez les enfants, de savoir-faire lié à l’artisanat local en plus de leurs compétences en langue et en calcul. Environ 15 000 enfants bénéficient de ce programme à l’heure actuelle.

Bien qu’une forte demande existe pour ce programme, celui-ci est confronté à plusieurs défis majeurs. Le fait que les volontaires ne reçoivent pas de salaires alors qu’ils investissent une grande partie de leur temps dans le programme génère une pression pour que leur soit offerte une rémunération adéquate en contrepartie de leurs efforts. La stratégie du programme consiste à créer davantage de soutien communautaire pour faire face aux responsabilités agricoles et domestiques, en particulier lorsque les enseignants participent aux cours de formation. Le recrutement de filles comme enseignantes volontaires s’est aussi révélé être compliqué par le clivage conservateur des rôles dévolus aux sexes. La réponse à ce problème a été d’y sensibiliser la communauté et, à l’heure actuelle, 28 % des volontaires sont des femmes (par rapport à 10 % à l’origine).

À ce stade, aucune évaluation officielle du programme CEP n’a été pratiquée. Cependant, les résultats d’apprentissage reflétés par les notes des tests officiels montrent que les enfants ayant bénéficié du programme CEP réussissent bien mieux que les enfants qui sont passés par le système classique. D’autre part, un échantillon national de 10 % d’élèves de sixième est soumis chaque année à un Criterion Reference Test. Les résultats montrent que 90 % des enfants du système classique ne réussissent pas à atteindre le niveau minimum d’aptitude à la lecture, alors que les élèves de School for Life sont capables de lire et de comprendre des informations dans leur propre langue. On apprend que le programme a également contribué à une augmentation des taux de scolarisation nationale. Alors que 59,4 % des enfants achèvent le troisième grade (CE2) dans la région nord, 91 % des enfants de School for Life terminent le programme équivalent de neuf mois. Le coût par élève de School for Life est considérablement moindre que celui de la scolarité classique et se traduit par un excellent rapport coût/efficacité.
b)
Le programme d’Amélioration de la Lecture dans l’Enseignement Primaire (RIPE) œuvre à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage dans les écoles primaires classiques. Ce programme a été mis au point en 2004 dans le cadre d’EQUALL pour répondre aux faibles niveaux d’apprentissage à l’école primaire. Les résultats médiocres pouvaient habituellement être attribués à un manque d’engagement de la part des décideurs politiques et du grand public quant à la priorité à donner à la maîtrise de la lecture et à la compréhension dans la langue locale comme passerelle vers la maîtrise de la lecture et de l’écriture en anglais. Malheureusement, des changements de politique ont entraîné certains problèmes et ont désorienté les enseignants et le grand public quant à la langue utilisée dans les écoles. Par conséquent, alors que les langues locales devraient être le véhicule d’instruction durant les trois premières classes, il n’existe aucun programme favorisant cela. Les élèves ne parviennent ainsi à maîtriser la lecture et l’écriture ni dans leur propre langue ni en anglais.

EQUALL soutient actuellement 12 zones scolaires (sur un total de 138) et 685 écoles au moyen d’un programme adapté du programme sud-africain Breakthrough to Literacy/Bridge to English (BTL/BTE ou percée de l’alphabétisation/passerelle vers l’anglais). Celui-ci utilise un guide d’enseignement préparé destiné à assurer que les tâches sont réalisées en temps voulu et compensant les compétences moindres de certains enseignants. Les enseignants suivent les guides qui les orientent vers des approches actives centrées sur les enfants comme le travail de groupe, la lecture interactive et la construction de phrases. Les supports du premier grade (CP) sont disponibles dans les cinq langues ghanéennes et comprennent des manuels, des histoires à lire, des affiches à commenter et des phrases à construire par les enfants. À la fin du premier « grade », les enfants commencent à développer leurs capacités en anglais parlé avant de passer au travail d’écriture et de lecture en anglais au « grade » suivant (CE1). À la fin du « troisième grade » (CE2), les enfants devraient savoir lire, écrire et parler aussi bien dans leur langue locale qu’en anglais. EQUALL ne travaille pas directement avec les enseignants mais forme des Formateurs sur Zone et des Superviseurs de Circuit qui sont à leur tour responsables de la formation et du soutien aux enseignants.

Alors que le programme a réussi à développer les capacités de lecture et d’écriture en L1 et L2 (langue locale et anglais), il pose en même temps un certain nombre de défis majeurs. La nature éminemment directive des supports laisse très peu de place à l’innovation de la part des enseignants. Ceux-ci se plaignent souvent que la méthodologie est par trop exigeante. Dans bien des cas, les formateurs et superviseurs sont incapables ou ne sont pas disposés à fournir le soutien demandé par les enseignants. En outre, des questions de copyright liées au programme BTL/BTE rendent difficile l’extension de l’initiative au niveau national. Cela a conduit les organismes administratifs à élaborer leur propre programme d’alphabétisation comme passerelle des langues locales vers l’anglais. EQUALL va apporter son soutien au développement de ce programme national d’alphabétisation de 2007 à 2009. Le Ghana devrait ensuite être en mesure d’offrir à tous les enfants la possibilité d’apprendre à lire et écrire dans leur langue locale et de savoir par la suite lire et écrire en anglais.

Leçons tirées

Le CEP et le RIPE soulignent tous les deux l’avantage pour les enfants d’une alphabétisation dans leur propre langue préalablement à l’acquisition de la lecture et de l’écriture dans une seconde langue. Les enfants suivant ces deux programmes ont tendance à poursuivre leur scolarisation et montrent de meilleurs résultats dans tous les domaines, y compris l’anglais. Les deux programmes ont aidé le gouvernement ghanéen à atteindre les objectifs fixés dans son Plan Stratégique pour l’Éducation – une plus grande ouverture des perspectives d’éducation en termes d’accès, de taux d’achèvement et de résultats scolaires – et lui ont offert des options d’économie.

La question de savoir comment surmonter les défis lors de la mise en œuvre locale de projets doit être intégrée dans le système scolaire ghanéen. L’utilisation de supports centrés sur l’apprenant qui encouragent un apprentissage pragmatique et favorisent la créativité des enseignants donne un bon exemple au secteur scolaire classique.

EQUALL aide les organismes gouvernementaux à élaborer un programme d’alphabétisation efficace au niveau national. Les leçons tirées au cours de ce projet offrent une base solide qui peut être utilisée pour contribuer à une politique nationale permettant à tous les enfants ghanéens de bénéficier à l’avenir d’une alphabétisation performante.

Contact

Kingsley Arkorful
Chef d’équipe adjoint
arkorful@equall.com

Kristin Rosekrans
Co-directrice pour les Programmes d’Alphabétisation
rosekrans@equall.com

EQUALL Project
CCC PMB CT41 Cantonments
Accra
Ghana
Tél. : (233 21) 771-735 Fax : (233 21) 784-761
www.equall.com