Madagascar

Programme conjoint : « Appui à la promotion de l’éducation pour tous – volet éducation non formelle »

Gouvernement malgache
Système des Nations unies

Country Profile

Population : 18 606 000 (2005)
Population au-dessous du seuil national de pauvreté : 71.3 % (1999)
PIB par habitant (PPP) en $US : 857 (2004)

Contexte

En 1999, Madagascar disposait d’un programme national qui visait essentiellement le développement de l’enseignement primaire. Cependant, l’efficacité interne du système classique était faible, car plus de 60 % des enfants n’atteignaient pas la deuxième année du primaire. Certains des facteurs identifiés étaient : (a) une partie non négligeable d’enfants, d’adolescents et d’adultes ne bénéficiaient d’aucune formation conçue pour répondre à leurs besoins éducatifs fondamentaux ; (b) le taux d’analphabétisme élevé de 47 % ; (c) la quasi-inexistence des structures d’accueil de formation et d’encadrement éducatif, notamment en milieu rural et dans le domaine du non-formel.

Aussi, le gouvernement a-t-il fait appel au Système des Nations unies pour développer, en coopération avec lui, un programme en faveur de l'éducation de base pour tous, afin de faire reculer l'analphabétisme et la sous-scolarisation de manière significative. Élaboré dans le cadre du processus UNDAF, le PNUD a financé le processus de formulation et de validation mené avec l’expertise de l’UNESCO. Soixante cadres des différents ministères, avec l’appui de consultants nationaux et internationaux et les points focaux des agences du système des Nations unies, étaient chargés de sa conceptualisation. Cette expertise à base étendue garantissait que le programme s’appuyait sur des cadres de politique, des stratégies de développement et divers engagements convenus par Madagascar.

Il a été prévu de mener les activités au niveau des zones à haute prévalence de pauvreté qui affichent un faible niveau de demande et d’offre éducative. C’est ainsi que, dans sa première phase, quatre (sur six) provinces étaient visées. 1 000 sites d’alphabétisation ont été ouverts. Cette première phase (2001-2005) a permis de mettre en œuvre et de tester la faisabilité technique et financière de ces différentes approches méthodologiques innovantes, qui ont désormais démontré leur efficacité. Le défi actuel, selon la feuille de route du gouvernement, est la mise à l’échelle de ces méthodologies au niveau national, afin d’éradiquer l’analphabétisme.

Programme

L’objectif général du programme est d’étendre l’accès et d’améliorer l’accessibilité à l’éducation de base, ainsi que des contextes et conditions d’apprentissage. Les objectifs spécifiques sont :

Ce programme a contribué au développement d’une politique éducative informelle dans le pays. Avant tout, il a donné lieu à trois approches méthodologiques innovantes : a) Alphabétisation intensive pour le développement (AFI-D) ; b) Formation technique et professionnelle de base (FTPB) ; et c) Action scolaire d’appoint pour les adolescents malgaches (ASAMA). En outre, les activités prévues du programme comprennent le renforcement de capacité pour la gestion communautaire, et l’achat d’intrants et de petits équipements de base facilitant l’installation.

a)
Pour les adultes de 17 ans et plus, l’AFI-D a été menée comme moyen pour le développement social, économique, culturel. Elle prévoit une alphabétisation initiale (6-8 heures par jours, pendant 48 jours) et une formation de base supplémentaire (36 jours). Outre la lecture, l’écriture, le calcul et la comptabilité de base, il y a eu également des discussions de sensibilisation à l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’environnement, la santé, le VIH/sida, l’éducation civique et l’éducation des enfants. Le but de ces discussions est d’encourager un changement de comportement, dans le but d’améliorer la qualité de vie des apprenants. Pour la formation de base supplémentaire, des thèmes plus spécifiques ont été choisis par les apprenants eux-mêmes. Exemple : la pêche traditionnelle, la poissonnerie, le tourisme et la protection de la biodiversité.

Les facilitateurs reçoivent un cours intensif de six semaines dispensé par des formateurs qui, à leur tour, reçoivent un cours de formation intensif de six semaines dispensé par des universités. Les facilitateurs sont des personnes ressources provenant d’ONG chargées d’assurer les services d’alphabétisation. Ils doivent être du même village que les apprenants.
b)
FTBP est utilisé pour les adultes qui viennent d’être alphabétisés. Ils reçoivent une formation sur le secteur de leur choix, tel que l’agriculture, l’élevage de bétail, la coupe/couture et la charpenterie/menuiserie, entre autres. La formation est dispensée par des personnes ressources de proximité et dure entre dix jours et trois mois, selon la filière. Par la suite, les apprenants déjà constitués en associations peuvent demander des microcrédits, ou peuvent bénéficier d’un petit crédit pour l’achat d’intrants et de petits équipements de base.
c)
ASAMA est destiné aux adolescents de 12 à 17 ans. Le programme ASAMA comprend toutes les matières recommandées par le programme national d’éducation. La langue d’enseignement est le malgache, excepté pour l’enseignement du français. L`ensemble du programme primaire de cinq ans est traité en trois périodes durant les dix mois. Avant de commencer l’ASAMA, les apprenants peuvent suivre un cours d’apprentissage de la lecture de six semaines par Ambohitsoratra. C’est une méthode d’apprentissage de la lecture de façon ludique adaptée de la méthode « planète des alphas ». Cette approche méthodologique fait beaucoup appel à la participation de l’adolescent, qui réalise lui-même son apprentissage dans une grande mesure. Elle part du « vécu » et du « senti » de l’élève. Les enseignants ont reçu trois séances de dix jours de formation sur l’enseignement de l’ASAMA. En outre, ils doivent avoir la capacité de bien communiquer avec les adolescents en difficulté et posséder une bonne maîtrise du programme d’enseignement primaire.

De 2001 à 2007, le programme a été sous la tutelle du ministère de la Population, au sein de la Direction de l’alphabétisation. Actuellement, il est sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique. Une cellule nationale et six cellules régionales assurent l’exécution opérationnelle du programme, avec plus d’une centaine d’ONG comme partenaires de mise en œuvre. Les prestataires de services techniques déconcentrés, au niveau de la communauté, sont chargés de sélectionner les sites d’intervention. Chaque province a un Comité Provincial de Pilotage et, au niveau national, il existe un Conseil d’Orientation et de Validation. Depuis 2006, les formations des facilitateurs ont été décentralisées vers des chefs-lieux de province.

Pour créer un environnement alphabétisé, des centres de ressources polyvalents ont été créés au niveau des communes ; ils font fonction de bibliothèque et de centre d’information. Ils sont abrités par des structures existantes ou par la commune.

Pour sa mise en œuvre, le programme s’est appuyé sur une mobilisation sociale de proximité, une utilisation rationnelle des ressources locales et le développement de partenariats. Les activités de renforcement de capacités institutionnelles et les activités d’alphabétisation constituent le pilier principal du programme. Un renforcement des capacités est actuellement effectué au niveau des communes pour qu’elles puissent assurer, à terme, la maîtrise d’ouvrage des activités d’alphabétisation.

Des équipes s’efforcent actuellement de mobiliser les ressources et de sensibiliser aux niveaux régional et international, afin d’augmenter la visibilité du programme et son soutien.

Enseignements tirés

Parmi les principales leçons, on peut citer : a) le rôle essentiel de la communauté dans la réussite des activités d’alphabétisation ; b) les partenariats avec les autorités locales et leur responsabilisation sont des facteurs de succès des activités sur le terrain ; c) dans les zones où la population est pauvre, la distribution de vivres (vivres en échange d’une formation) est un facteur favorisant l’assiduité, donc l’atteinte des objectifs ; d) les incitations, même si elles existent vraiment, ne sont parfois pas suffisantes pour garantir l’atteinte des objectifs ; des mesures d’accompagnement doivent être trouvées pour certaines populations cibles pauvres ; e) la communication, la sensibilisation en faveur de l’alphabétisation et des autres formes d’éducation informelle sont plus efficaces, avec des résultats tangibles ; f) des activités post-alphabétisation doivent être prévues dès le début de l’alphabétisation ; g) la « qualité » et l’engagement de l’animateur/du facilitateur sont essentiels dans la réussite des activités d’alphabétisation.

Contact

Raymondine Williette Rakotondrazaka
Coordinatrice nationale de la cellule nationale de coordination et d’exécution
Ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique
Lot AVB 127 A
Avarabohitra Itaosy
Antananarivo
Madagascar
cnce@wanadoo.mg