Namibie

Programme national d’alphabétisation

Gouvernement de la république de Namibie

Profil du pays

Population : 2 031 000 (2005)
Population vivant avec moins de 2 dollars américains par jour : 55.8 % (1990-2004)
PNB par habitant en dollars américains : 7 418 (2004)

Contexte

La plus grande partie de la population de la Namibie, qui compte moins de deux millions d’habitants, dépend du secteur informel d’une économie de subsistance. Les problèmes sociétaux proviennent principalement de l’inégalité dans la répartition des revenus, du chômage et de la pauvreté. Soixante pour cent de la population vit au-dessous du seuil de la pauvreté tandis que le chômage chez les personnes jeunes âgées de 25 à 29 ans s’élève à 19 % pour les jeunes hommes et à 20 % pour les jeunes femmes. Dans les zones rurales, le taux moyen de chômage est de 40 % contre 30 % dans les zones urbaines. Il est donc crucial d’associer l’alphabétisation au développement des compétences, en particulier au niveau de la communauté pour améliorer l’économie de subsistance et l’intégrer à l’économie monétaire dominante.

Le programme national d’alphabétisation en Namibie (NLPN) a été officiellement lancé en septembre 1992, deux ans après l’indépendance et grâce aux efforts inlassables des Namibiens, qu’ils soient en exil – la campagne pour l’alphabétisation du mouvement de libération de la SWAPO – ou à l’intérieur du pays – par l’intermédiaire de l’ONG « programme d’alphabétisation de Namibie » – dans le cadre du combat pour la libération. Depuis 1992, le programme, qui comptait un total d’environ 15 000 apprenants formés par 700 personnes chargées de la promotion de l’alphabétisation au cours de la première année, a progressivement pris de l’ampleur et a fini par atteindre le chiffre de 36 000 apprenants et 2 000 enseignants pour les trois étapes du programme en 1994-1995. En 1999, on dénombrait quelque 46 000 apprenants. Deux évaluations ont été effectuées en 1995 et 1999, et une troisième est attendue prochainement. Le NLPN est parvenu à faire évoluer le niveau national d’alphabétisation de 65 % (chiffre relevé lors du recensement de la population et du logement de 1991) à 81,3 % au moment du recensement de la population et du logement de 2001.

Programme

Le gouvernement souhaite que la Namibie devienne une nation entièrement alphabétisée et s’est fixé pour but à court terme d’atteindre un taux d’alphabétisation de 90 % d’ici à 2015. L’objectif global est de promouvoir le développement social, culturel, politique et économique. La politique d’alphabétisation des adultes vise donc à :

La Direction Générale de l’Enseignement des Adultes (DAE), qui dépend du Département de l’apprentissage tout au long de la vie au ministère de l’Education, est chargée d’enseigner la lecture, l’écriture et des notions de calcul à la jeunesse non scolarisée et aux adultes analphabètes, afin de leur permettre de contribuer plus efficacement au développement national. A l’heure actuelle, la Direction générale s’efforce de remplir sa mission par le biais du NLPN, qui fait partie intégrante du système d’éducation nationale et de l’engagement du gouvernement vis-à-vis du développement national, et de l’Education pour tous (EFA). La phase d’apprentissage de la lecture et de l’écriture du Programme d’enseignement de base pour les adultes comprend trois étapes de formation d’une année chacune, ce qui représente au moins 240 heures de cours.

Au cours des deux premières étapes, l’accent est mis sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dans la langue maternelle et les notions de calcul. Lors de l’étape 2, les apprenants se familiarisent avec les compétences nécessaires dans la vie courante, telles que l’agriculture, la santé, le petit commerce et l’éducation civique, entre autres matières. Au cours de l’étape 2, les enseignants sont encouragés à introduire quelques notions d’anglais parlé (« approche duale de l’alphabétisation ». L’étape 3, qui équivaut à la quatrième année de l’enseignement primaire classique et constitue la dernière étape du Programme d’alphabétisation de base, est consacrée à l’acquisition de connaissances en anglais de base et fonctionnel. La tâche des personnes chargées de la promotion de l’alphabétisation consiste à créer un environnement approprié à la communication en anglais. L’accent est également placé sur le renforcement des activités de développement. Les élèves ayant suivi avec succès ces trois étapes peuvent poursuivre leurs études en choisissant l’une des trois options suivantes :

  1. Education primaire supérieure pour adultes (AUPE). Il s’agit d’un cours étalé sur trois ans pour ceux qui ont suivi l’étape 3 ou la quatrième année d’enseignement primaire. Il est basé sur un programme qui lui est propre comprenant l’acquisition de connaissances générales en plus de celle de la langue et des notions de calcul. Le « langage des affaires » occupe également une place importante dans ce programme. Les élèves choisissent deux matières par an. Il ya quatre cours obligatoires et deux cours en option.
  2. Développement des compétences pour les travailleurs indépendants. Ce projet a été testé dans deux régions, le Karas et l’Oshana, afin de proposer une approche aux activités informelles de formation des adultes au niveau national, régional et des districts. Le principal objectif de ce projet est de fournir une meilleure prestation à la communauté en mettant à profit l’éducation des adultes pour créer des possibilités d’emploi. Il contribue à l’effort national de réduction de la pauvreté en permettant à ceux qui ont acquis les connaissances de base en lecture et en écriture d’accéder aux compétences de gestion d’entreprise nécessaires aux travailleurs indépendants et pour les emplois dans les zones urbaines rurales. Les élèves qui ont suivi avec succès le programme d’alphabétisation reçoivent une formation à diverses compétences de gestion d’entreprise qui leur permet à terme d’acquérir les fonds nécessaires à la création de petits commerces. Certains des élèves poursuivent leurs études à la Fondation nationale des Centres de développement des qualifications communautaires (COSDEC) où ils acquièrent des techniques relatives à la plomberie et à la maçonnerie, entre autres.
  3. Centres de développement des qualifications communautaires. Un grand nombre de ces centres sont actuellement établis dans les zones rurales où il n’existe pas de bibliothèques pour ceux qui ont appris à lire et à écrire. Ils ont pour but de donner accès aux livres et de promouvoir une culture de lecture et d’étude dans le pays.

Les responsables au niveau régional et des districts supervisent la mise en œuvre du programme dans les différentes régions. Des efforts ont été déployés pour décentraliser toutes les activités d’alphabétisation, y compris le développement des programmes, et pour impliquer les équipes locales dans l’élaboration des outils pédagogiques.

Comme le bureau central était chargé de mettre au point la structure du programme du NPL, il importe de trouver un équilibre entre le contenu des programmes nationaux, régionaux et/ou locaux. Les outils pédagogiques sont élaborés en onze langues nationales, en plus de l’anglais ; DEA publie également un bulletin d’information.

Les cours d’alphabétisation se déroulent à temps partiel, ont généralement lieu trois fois par semaine et durent deux heures. Les enseignants travaillent également à temps partiel. Les personnes chargées de promouvoir l’alphabétisation nouvellement recrutées reçoivent une formation initiale de trois semaines et suivent également des cours mensuels de remise à niveau de courte durée. L’enseignement et l’apprentissage de la lecture et de l’écriture reposent sur une approche méthodologique centrée sur l’élève. Groupes de discussion et contes constituent deux des méthodes communément employées.

Le programme a été financé à l’origine par les Pays-Bas, L’Agence suédoise pour le développement international et le gouvernement namibien. Aujourd’hui, il est entièrement subventionné par le gouvernement grâce à des fonds provenant d’un budget annuel régulier. Le gouvernement namibien est le principal facilitateur et partenaire du NLPN. Toutefois, la communauté assume la responsabilité du programme et est censée participer à la planification, à l’administration, à la supervision et à l’évaluation de toutes les activités qui s’y rattachent.

Leçons retenues

Voici quelques-unes des principales leçons tirées de cette expérience :

a)
Le défi consiste à poursuivre le programme en améliorant à la fois la qualité des prestations fournies et celle de l’environnement où se déroule l’apprentissage. C’est pourquoi le soutien sectoriel et intersectoriel au programme est nécessaire, y compris celui des dirigeants politiques à tous les niveaux, des employeurs des secteurs publiques et privés, des ministères au niveau central et régional, des syndicats, des églises, des organisations pour la jeunesse et des associations féminines, des donateurs et des médias ;
b)
Dans l’ensemble, le taux de participation des femmes au programme d’alphabétisation est très élevé, qu’elles soient apprenantes ou enseignantes. Il semble intéresser davantage les femmes, en revanche alors que l’augmentation des inscriptions masculines constitue un sérieux problème. Cela est dû en partie au système de travail itinérant de l’industrie de la pêche et de l’industrie minière ;
c)
Il est nécessaire d’élaborer des programmes de post-alphabétisation à un niveau correspondant à la septième année des écoles classiques ;
d)
La mise en place d’un processus permettant d’accroître la sensibilisation au développement des compétences des adultes et de le soutenir se révèle également indispensable. La responsabilisation de la communauté grâce au développement des compétences et à la promotion de l’entreprise constituent des stratégies prometteuses pour relever les défis sociaux et économiques du pays ; et
e)
La création des Centres de développement des qualifications communautaires a contribué à entretenir les compétences acquises en lecture et en écriture.

Contact

M. Bornface Katombolo Mukono
Directeur Adjoint, Direction Générale de l’Enseignement des Adultes (DAE)
Ministère de l’Education
Government Office Park (Luther Street)
Private Bag 13186
Windhoek
Namibie
b.mukono@mec.gov.na