Zambie

Reflect et VIH/SIDA

People’s Action Forum (PAF – Forum d’action populaire)

Profil du pays

Population : 11 668 000 (2005)
Population au-dessous du seuil national de pauvreté : 72.9 % (1998)
Taux de séropositivité chez les adultes (15-49 ans) : 16.5 % (2003)

Contexte

Les cercles Reflect sont constitués de membres de la communauté qui débattent de thèmes ou problèmes pour entreprendre des actions concertées. Certains membres sont des adultes qui ont besoin de cours d’alphabétisation et sont répartis dans des groupes de niveau débutant, moyen et avancé. Cela signifie que les apprenants sont très différents, allant de ceux acquérant les bases les plus fondamentales comme la manière de bien tenir un crayon, à ceux qui se concentrent sur le perfectionnement de leurs compétences en lecture et écriture.

Une communauté exprime le besoin de former un cercle Reflect, puis identifie les membres de la communauté disposés à assumer le rôle d’animateurs. Bien que ces derniers doivent au moins savoir lire et écrire à un niveau suffisant, ce processus de sélection désigne cependant des animateurs de niveaux éducatifs variés. Les animateurs sont ensuite formés à diriger la procédure qui identifie les besoins et convient d’actions, et à dispenser l’instruction en lecture, écriture et calcul en utilisant des instruments participatifs. L’instruction en alphabétisation ainsi que les analyses et discussions afférentes dérivent du problème ou du thème identifié, conformément au processus d’apprentissage Reflect.

Un thème central soulevé dans les cercles Reflect est celui du VIH et du sida. Les membres des communautés ont constaté que toute modeste amélioration du niveau de vie général était rapidement annulée par le coût causé par une séropositivité ou une atteinte du sida. Ce coût provient du traitement fréquent et des soins, des besoins alimentaires spéciaux et du manque de productivité. Parallèlement se pose le problème de la stigmatisation et du silence qui entourent le VIH et le sida. Ils ont établi que la propagation de l’épidémie a été exacerbée par le fait que de nombreux illettrés ne pouvaient accéder à l’information écrite afférente et ignoraient donc les faits.

Ils ont constaté que les femmes étaient particulièrement touchées par ces problèmes. Les participants aux cercles Reflect ont souhaité analyser les conséquences de ces problèmes sur leur vie, et les animateurs ont été confrontés à la tâche de créer un environnement favorable pour débattre les questions épineuses de la stigmatisation et de la discrimation, et des sujets délicats comme la sexualité et l’infidélité.

Programme

L’objectif globlal du PAF consiste à relever le défi de l’analphabétisme en ouvrant l’accès à des opportunités d’alphabétisation, et par là à permettre aux individus de lire et d’interpréter le monde dans son ensemble. Cette approche a permis aux communautés de jouer un rôle dans l’apport de solutions à leurs besoins, car elle est fondée sur le principe que toute communauté a la capacité naturelle de trouver ses propres solutions à ses besoins. L’usage de langues vernaculaires pendant les activités encourage les participants à communiquer entre eux. Reflect facilite l’acquisition de la pensée critique en tant que processus d’apprentissage pour et par l’action. De cette manière, les communautés confrontées au VIH et au sida peuvent être autonomisées à comprendre et à échanger des messages de prévention et d’encouragement. Elles peuvent être aidées à relever le défi d’améliorer leurs moyens de subsistance. L’objectif immédiat consiste donc à dispenser une éducation non formelle en vue de réduire le VIH et le sida en Zambie.

Le programme est localisé à Mazabuka (à 165 km de Lusaka), où les groupes cibles sont des membres des communautés Nega-Nega, Lubombo et Magobo, dont certains sont séropositifs ou atteints du sida.

En bénéficiant d’un financement de la part de International HIV/AIDS Alliance, Mazabuka est devenue le secteur principal du PAF pour son programme-pilote VIH. Il y a entrepris les activités suivantes :

Ces diverses activités ont contribué à rompre le silence qui entoure la sexualité et le VIH/sida, ouvrant ainsi la voie pour que les communautés trouvent des solutions aux nombreux problèmes connexes. En 2006, ce travail a été étendu à une formation au conseil et au dépistage volontaire mobile (Voluntary Counselling and Testing, VCT), à l’observance du traitement antirétroviral (ART) et aux soins palliatifs, dispensée essentiellement par des animateurs Reflect. Les communautés bénéficient des services d’une station de contrôle des mollécules CD4 où les échantillons sont collectés pour être amenés à l’hôpital. Elle en reçoit également les résultats et peut agir en conséquence En 2007, l’équipe de théâtre a reçu une formation en « théâtre pour le développement », en vue de renforcer ses compétences de mobilisation communautaire.

La formation initiale Reflect et l’initiation au VIH et au sida destinées aux animateurs ont été assurées par une équipe permanente de formateurs. Au cours des débats centrés sur le VIH, les animateurs ont reçu une information de base sur la nature de la maladie, sa propagation et les moyens de prévention. Ils ont en outre appris à utiliser les instruments participatifs et les techniques de mobilisation. Le suivi consiste en une formation spécialisée dispensée par des professionnels dans des domaines tels que les soins prodigués aux patients et l’administration des médicaments antirétroviraux, ART.

Bien que les cours de remise à niveau devraient idéalement avoir lieu au moins une fois par an, ils sont organisés généralement tous les deux ans selon les fonds disponibles. Du fait que le programme s’est établi et développé, il est apparu une forte demande pour des domaines de préoccupation liés aux initiatives de développement, pour lesquels l’équipe permanente n’est pas compétente. La compréhension pour l’importance du travail en réseaux comme moyen de faciliter l’accès est ancrée dans la formation des animateurs. Le secteur de Mazabuka réussit particulièrement à encourager le développement personnel de ses animateurs et à renforcer leur compétence à guider le processus de développement. Lorsque le programme s’est intensifié, il est apparu qu’il serait impossible de prescrire des mesures de croissance précises et identiques, si les individus devaient véritablement pouvoir exercer leur droit de penser, de créer et d’agir de la manière dictée par leur environnement.

La formation des animateurs s’étend actuellement du niveau 7 (primaire) au niveau postsecondaire. Le dernier groupe peut comprendre des animateurs qui ont atteint le niveau 12 ou des personnes retraitées ; par exemple, l’animateur en chef est un enseignant à la retraite, et l’inspecteur des CABLAC (Centres d’activités éducatives et de renforcement des capacités) est un ancien officier de police.

Afin de regrouper les différentes activités, le PAF a créé des CABLAC (Centres d’activités éducatives et de renforcement des capacités) novateurs. Les CABLAC soutiennent des initiatives émanant des communautés, celles-ci étant à la fois conçues comme une structure physique susceptible d'être visitée et un symbole de ce qu’incarne Reflect. C'est un centre (accessible et ouvert à tous), où les gens représentent une partie de leur propre développement (savoir pour pouvoir), apprenant pour et par l’action (discussion et analyse destinées à créer un développement). Les trois objectifs des CABLAC consistent : 1) à agir comme point focal pour améliorer les capacités de résolution de problèmes drainant et fédérant la vaste expertise et la vaste expérience internes existant au sein de la communauté ; 2) à améliorer la cohésion du groupe au sein de la population locale en réactivant le sens de l’unité d’un objectif, appuyer par un leadership traditionnel ; et 3) à établir une culture de l’apprentissage tout au long de la vie en promouvant le concept de la richesse de l’apprentissage intergénérationnel, entre les sexes et de ‘la naissance à la mort’.

Le Théâtre pour le Développement (TfD) constitue une autre innovation. L’approche que poursuit le PAF en termes d’activités de développement des communautés est ancrée dans l’application qu’il fait de l’éducation non formelle pour motiver les apprenants à engager une action destinée à améliorer les circonstances dans lesquelles ils vivent et à faire une analyse critique de leur environnement. Les techniques mises en œuvre par le TfD et Reflect sont critiques en ce sens qu’elles encouragent les membres de communautés à participer aux affaires concernant la communauté. Le TfD a fait un pas de plus en ayant recours aux pièces de théâtre comme instrument dans le cadre des processus de Reflect et s’est avéré être un moyen très utile pour pointer des questions, permettant aux gens d’engager une réflexion et une action relativement à des questions délicates comme le sexe et la mort qui entourent le VIH. Dans deux des filiales, des groupes de théâtre ont reçu une formation et sont désormais en mesure de solliciter leurs talents d'une manière efficace à la fois pour informer et pour divertir.

Les matériels, les livres et d'autres ressources fournissant des informations sur le VIH et des lectures complémentaires concernant l’apprentissage de l’alphabétisation sont fournis par des bureaux gouvernementaux et des donateurs locaux et internationaux. Mazabuka a deux principaux bailleurs de fonds qui mettent à disposition à la fois des aides sur le long et sur le court terme.

Le PAF organise 14 cercles (liés à l’éducation et au développement) dans trois domaines, chacun d'eux regroupant un nombre moyen de 21 participants en 2007. Les groupes chargés de l’alphabétisation sont des sous-groupes qui viennent s’inscrire dans un cercle plus large et sont formés en fonction des différents niveaux d’aptitude des apprenants. Aucun ‘diplômé’ émanant du groupe continue en tant que membre à participer au processus de planification des actions et aux activités qui y sont liées. En raison du besoin des apprenants d’obtenir une attestation après avoir terminé la formation, on a désormais accepté que les classes peuvent préparer les apprenants à passer des examens pour chaque niveau de l’école gouvernementale locale. Les résultats de l’apprentissage sont actuellement évalués selon les critères d’apprentissage indiqués dans les mesures avalisées par les participants. L’aptitude des groupes à intérioriser ces processus et à se les approprier connaît également une amélioration. Ceux dont l’apprentissage s’est solidement établi planifient leurs propres programmes de manière confiante et participent, voire même dirigent leur mise en œuvre.

Leçons retenues

Les rapports font état de ce que les activités de Reflect sont parvenues à développer la capacité des communautés à prévenir et à réduire la fréquence de l’apparition du VIH/du SIDA. Le comportement de la plupart des membres de la communauté a changé dans la mesure où ils ont pris conscience qu’ils pouvaient être contaminés et qu’ils sont tous concernés par la maladie.

Le processus de sensibilisation a également eu pour effet que les gens se sont présentés d’eux-mêmes pour obtenir des conseils et pour passer des tests. Ils ont par conséquent été informés sur leur état en termes de VIH et ils ont commencé à prendre ART lorsqu’ils ont appris leur séropositivité. Cette démarche a permis de réduire la pression exercée sur les centres hospitaliers et à un plus grand nombre de gens de travailler et de prendre soin de leurs familles et elle a permis de réduire le nombre d’enfants à la rue.

On a également observé que les femmes souhaitent désormais tenir un rôle directeur alors que naguère elles ont uniquement choisi des hommes pour occuper des postes influents à tous les niveaux. Les femmes ont pris conscience du fait que c’est leur droit de négocier pour obtenir des rapports sexuels protégés. Elles ont insisté pour que les prestataires ne fournissent pas uniquement des préservatifs masculins mais également des préservatifs féminins.

Une évaluation récente du programme Mazabuka a identifié les questions centrales suivantes :

  1. une formation continue des facilitateurs ne les motive pas seulement à faire leur travail mais elles les motive à le faire minutieusement et à un niveau élevé. Un proverbe issu d’une des langues parlées en Zambie dit “qu’il faut veiller à ce que le couteau reste aiguísé pour qu’il coupe bien”.
  2. Les gens participent à des séances d’apprentissage pour adultes en plus grand nombre et sont plus attentifs si les dates, les jours et les horaires fixés conviennent aux participants. Il ne serait par exemple pas indiqué de proposer des activités d’apprentissage le samedi et le dimanche puisque la plupart des gens vont à l'église ou d'organiser des séances de formation pendant la saison agraire. On a également mentionné le fait que les activités ne doivent ni demander aux gens de quitter leur localité ni d'être si intensives en temps qu'elles viennent interrompre de manière significative leur routine quotidiennne.
  3. Les bénéficiaires d’un apprentissage pour adultes non formel comprennent mieux et apprécient l’application d’approches qui sont directement liées à la façon dont les gens vivent. Le fait d’avoir recours à des chansons interprétées en langues locales ou à des pièces de théâtre prenant appui sur des histoires auxquelles ils peuvent adhérer produit de meilleurs résultats et une compréhension plus profonde, en particulier si on a adopté une approche participative. Les contenus doivent se concentrer sur les besoins ressentis par les gens. Il est apparu que dans la mesure où les gens ont demandé à recevoir des informations et à acquérir des connaissances, ils seraient également en mesure d’investir leur temps et leurs ressources pour les obtenir.

Contact

Peoples Action Forum [Forum d’action populaire]
Boîte postale 33709
Lusaka
Zambie
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