Présentation générale du programme
Titre du programme | Alphabétisation dans les langues locales, tremplin vers l’égalité des genres |
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Organisation chargée de la mise en œuvre | Associação Progresso |
Langues d’enseignement | Portugais et langues locales (yao, nyanja, makua, makonde et kimwani) |
Partenaires de financement | Union européenne, ambassade d’Irlande à Maputo |
Partenaires | Leaders communautaires locaux, Direcção Nacional de Alfabetização e Educação de Adultos (ministère de l’Éducation et du développement humain), Serviços Distritais de Educação (Services départementaux de l’éducation) des départements de Sanga, Muembe, Chimbunila et Lago de la province de Niassa, Direcção Provincial de Educação e Cultura (Direction provinciale de l’éducation et de la culture) de la province de Niassa, Serviços Distritais de Saúde, Mulher e Acção Social (Services départementaux de la santé, de la femme et de l’action sociale) des départements de Sanga, Muembe, Chimbunila et Lago de la province de Niassa, Direcção Provincial de Mulher e Acção Social (Direction provinciale de la femme et de l’action sociale) de la province de Niassa, Fórum Mulher (réseau mozambicain des organisations de promotion du genre), ORERA – Raparigas emAcção (organisation de jeunes filles ), province de Niassa, radios communautaires de Lichinga, Lago et Sanga, MEPT (Mouvement Éducation pour tous), GMD (Groupe sur la dette mozambicaine). |
Coûts annuels du programme | Environ 63.360,27 dollars sur 18 mois pour le programme Alfabetização, Esteira para Igualdade de Género. Environ 16687,74 dollars sur 12 mois pour le projet Savoir lire pour apprendre (2014). Coût annuel par apprenant : Environ 20,40 dollars sur 18 mois pour le programme Alfabetização, Esteira para Igualdade de Género. Environ 63,49 dollars pour le projet Savoir lire pour apprendre. |
Date de création | 2012 |
Contexte national
Depuis quelques décennies, le Mozambique enregistre un produit intérieur brut (PIB) en croissance soutenue. Néanmoins, le pays continue de connaître des difficultés, la tendance positive de son PIB n’ayant pas entraîné une réduction significative de la pauvreté ni une amélioration de la qualité de vie de la majorité de sa population. Pour preuve, le Mozambique se classe 178ème sur 187 pays à l’Indice de développement humain 2014, et 21ème sur 28 pays d’Afrique subsaharienne participant à l’indice de développement de l’Éducation pour tous 2010.
Dans le domaine de l’éducation, le pays s’est efforcé d’étendre l’accès à l’école et de garantir une participation égale des deux sexes. Le taux net de scolarisation dans le primaire est passé de près de 70 % en 2004 à 87,4 % en 2013, et pour les filles de 66,08 à 85 %. Mais, en dépit des efforts du gouvernement mozambicain, les taux de rétention et de passage restent faibles, tout comme les résultats d’apprentissage. Les disparités entre les sexes dans le secteur de l’éducation continuent de pencher en faveur des hommes, comme en témoignent les taux d’alphabétisation désagrégés par sexe (67,35 % pour les hommes, contre 36,45 % pour les femmes en 2009). De telles disparités existent aussi dans les domaines de la santé, de l’accès aux services publics et de l’emploi.
Bien que le Mozambique soit un pays multilingue et la majorité de la population ne parle pas portugais, l’éducation bilingue en est, en grande parte, à la phase de planification et d’expérimentation. Au cours du premier trimestre 2015, le ministère de l’Éducation et du développement humain (MINEDH) a annoncé qu’à compter de 2017 tous les écoliers du primaire auront la possibilité d’étudier dans une des seize langues nationales et de recevoir, plus tard, une éducation en langue portugaise. Malgré cette promesse encourageante, l’éducation bilingue reste à réaliser pour la plupart des apprenants adultes. Bien que le MINEDH prépare un plan national pour l’alphabétisation des adultes en langue locale, le curriculum actuel n’est disponible que dans la langue officielle.
Les défis en matière d’éducation sont plus sérieux dans le centre et le nord du pays, qui concentrent la majeure partie des Mozambicains vivant dans une pauvreté modérée à extrême. Niassa, la plus grande province du Mozambique, se situe dans l’extrême nord du pays. Sa faible densité démographique rend difficile la fourniture de services publics. Outre les difficultés d’accès à l’éducation, des segments entiers de la population n’ont pas accès aux services de santé et à l’eau potable. La province affiche un taux d’analphabétisme des adultes des plus élevés du pays. L’enquête démographique nationale révèle que 60 % des Mozambicains, dont 75 % de femmes, sont peu, voire pas, alphabétisés. Pour leur part, les tests de lecture et d’écriture organisés en 2012 par Associação Progresso ont révélé des taux d’alphabétisme des adultes d’à peine 6 et 10 % pour les hommes et les femmes. La différence de taux peut, en partie, être imputée à la différence de taux de passage du primaire au secondaire entre filles et garçons. Si, ces dernières années, l’accès des filles au premier cycle du primaire a augmenté par rapport aux garçons, une baisse notable de leur participation est toujours observée à partir de la quatrième année.
Par ailleurs, Niassa enregistre le taux de mariage précoce le plus élevé du pays. Vingt-quatre pour cent des femmes de 20 à 24 ans se sont mariées avant d’avoir eu 15 ans. La tradition et la culture locale favorisent la perpétuation de certaines pratiques préjudiciables au développement de la femme, y compris le traitement négatif des veuves, la violence domestique, le mariage et les grossesses précoces et l’abandon scolaire forcé pour les filles.
Même si la législation mozambicaine consacre le droit de la femme à la protection contre toute forme de discrimination, les différences entre les sexes en termes d’accès aux opportunités restent un défi, surtout dans des zones rurales comme Niassa. Pour Associação Progresso deux raisons principales expliquent cette situation : la méconnaissance des réglementations et le manque de développement et d’opportunités financières résultant du faible niveau d’alphabétisme des femmes.
Présentation du programme
Fondée en 1991, Associação Progresso est une ONG mozambicaine qui se donne pour mission d’aider les communautés rurales à améliorer leurs conditions de vie et leurs capacités de gestion en ciblant en priorité les plus vulnérables : les femmes et les enfants. Avec l’égalité des sexes comme thématique centrale de ses programmes, Progresso compte à son actif plusieurs initiatives d’alphabétisation depuis sa création. L’ONG intègre l’éducation bilingue (portugais et langues locales) dans ses initiatives depuis la réforme nationale du curriculum de l’enseignement primaire de 2003. En 2009, elle a signé un accord de partenariat avec l’Association allemande pour l’éducation des adultes (DVV-International) pour la mise en œuvre de FELITAMO, un programme d’alphabétisation des adultes en makonde. Dans le cadre du suivi de ce programme, Progresso a étendu ses activités d’alphabétisation des adultes en ciblant en priorité les femmes.
Savoir lire pour apprendre et Alphabétisation dans les langues locales, tremplin vers l’égalité des genres
En 2011, avec l’appui financier de l’Union européenne, le projet Savoir lire pour apprendre (TRL, Teaching to Read to Learn) a été lancé et intervient actuellement dans neuf départements (quatre à Cabo Delgado, cinq à Niassa). Ce projet, qui prend fin en novembre 2016, alphabétise les adultes en langue locale et cible en priorité les femmes et les jeunes. En 2012, l’organisation a lancé un autre programme, Alfabetização, Esteira para Igualdade de Género (Alphabétisation, tremplin vers l’égalité des genres), avec le concours financier de la Provincial Fund for Civil Society de l’ambassade d’Irlande à Maputo. Depuis, les deux programmes sont exécutés en parallèle, avec le programme intégré alphabétisation-genre de 18 mois, Alphabétisation dans les langues locales, tremplin vers l’égalité des genres (ci-après dénommé aussi le programme intégré), qui se charge de l’alphabétisation en langue locale, combinée à la sensibilisation et au plaidoyer contre la violence domestique et en faveur des droits de l’homme.
Groupes cibles
À ce jour, le programme intégré a été mis en œuvre dans 64 classes rurales. Les communautés bénéficiaires ont été sélectionnées sur la base des critères suivants :
- Existence de bons rapports communauté-école.
- Présence de classes d’alphabétisation en langue locale opérationnelles depuis au moins un an.
- Désir et volonté des leaders locaux de discuter des questions de genre.
- Proximité entre les communautés.
Le programme travaille simultanément avec deux groupes cibles principaux :
- Les femmes et hommes déjà inscrits en cours d’alphabétisation dans les vingt-cinq communautés rurales des départements de Muembe, Sanga, Chimbunila et Lago de la province de Niassa.
- Les leaders locaux : chefs de village, dirigeants de rites initiatiques masculins et féminins, matrones et guides religieux. La collaboration avec ces leaders est jugée essentielle pour réaliser les changements souhaités pour la reconnaissance des droits de la femme.
Le premier groupe cible comptait environ 3.200 femmes et 64 classes d’alphabétisation en langue locale. Sous la supervision d’alphabétiseurs qualifiés, les participants ont appris les notions de base de la législation sur les droits de la femme et discuté de la façon dont certaines pratiques culturelles peuvent entraver la jouissance de ces droits. Les apprenants ont pu découvrir les droits de la femme en lisant des supports spécialement préparés pour les néo-alphabètes. Ils ont également appris à appliquer les instruments de suivi communautaire axés sur la discrimination fondée sur le genre. De même, ils ont été conviés à participer aux campagnes de plaidoyer contre la violence et en faveur de l’égalité des sexes.
Le second groupe cible se composait des leaders locaux des 25 communautés cibles – au total, 250 leaders (10 par communauté), dont des chefs de village, des dirigeants de rites initiatiques (adultes) masculins et féminins, des matrones et des guides religieux. Ces leaders ont été formés aux questions de genre et à la législation y afférente et conviés à analyser, discuter et réviser les pratiques culturelles qui entravent la participation scolaire (inscription, fréquentation et achèvement) et le développement des femmes et des filles.
Pour promouvoir l’inscription de personnes handicapées à ses cours d’alphabétisation, Progresso a traduit en Braille certains textes en langue locale et formé les alphabétiseurs à enseigner aux non-voyants.
Pour Progresso, la promotion de l’alphabétisation en compagnie des enseignants et des apprenants constitue le moteur du changement. L’organisation collabore avec les leaders locaux afin de pérenniser les résultats.
Nombre de participants
Le volet alphabétisation en langue locale, Savoir lire pour apprendre, alphabétise 5.000 à 5.500 (jeunes) adultes par an, dont plus de 70 % de femmes. Depuis son lancement, il a desservi environ 21.000 jeunes adultes (70 % de femmes) et collaboré avec environ 300 alphabétiseurs, superviseurs et techniciens de l’éducation. Depuis 2012, 4.629 apprenants ont achevé le programme d’alphabétisation dans quatre départements de Niassa. L’écart entre les nombres de participants et de personnes qui achèvent le programme tient au fait que certains apprenants n’ont pas terminé l’année scolaire, tandis que d’autres n’ont pas pris part à l’examen final.
Au total, Alphabétisation, tremplin vers l’égalité des genres a atteint, à ce jour, 3.100 apprenants, 70 alphabétiseurs, superviseurs et techniciens de l’éducation aux niveaux départemental et provincial et 250 leaders communautaires.
Buts et objectifs
La stratégie de Progresso consiste à promouvoir l’égalité des sexes à travers les opportunités qu’offrent les cours d’alphabétisation. Les langues locales constituent un espace idéal pour le dialogue et la présentation des concepts de la théorie du genre. Pour Progresso, c’est aussi une occasion de vulgariser les lois relatives aux droits de la femme et d’organiser le suivi communautaire des actes de violence sexuelle et sexiste, notamment les pratiques culturelles traditionnelles qui freinent la réalisation des droits humains des femmes et des enfants.
L’objectif général du projet TRL est de « favoriser l’éradication de l’analphabétisme des jeunes et des adultes dans huit départements, en ciblant en priorité les femmes et les personnes handicapées en vue d’accroître leurs chances de développement social ». Le projet Alphabétisation, tremplin vers l’égalité des genres veut promouvoir l’égalité des sexes et la participation des femmes de 25 communautés de quatre départements de la province de Niassa. L’alphabétisation en langue locale constitue un point de départ pour associer les leaders communautaires à la sensibilisation et à l’action.
Mise en œuvre du programme
Structure et organisation
Les cours d’alphabétisation sont organisés conformément aux directives du MINEDH. Les leçons respectent le programme et le curriculum nationaux, avec l’alphabétisation et la numératie comme matières principales intégrant les compétences de la vie courante. Les cours ont lieu l’après-midi et durent deux à trois heures. Apprenants et enseignant sont autorisés à choisir les jours et heures de cours qui leur conviennent, à condition de respecter un quantum horaire minimal de 300 heures par année scolaire (10 mois).
D’après les évaluations de Progresso, une année scolaire ne suffit pas souvent pour achever le contenu inscrit au programme. Ce, en raison des mauvaises conditions d’enseignement. En effet, les cours d’alphabétisation des adultes se déroulent souvent en plein air, sous un arbre ou dans des espaces improvisés, tels que la cour de la maison d’un participant ou l’église locale. De plus, les apprenants adultes – les femmes, en particulier – n’ont pas assez de temps pour les cours du jour, et il leur est parfois difficile d’assister à deux ou trois heures de leçons par jour. Toutefois, la qualité de l’enseignement demeure le principal facteur de non-achèvement. Par ailleurs, la rotation importante des enseignants aussi dégrade la qualité de l’enseignement. Compte tenu de ces écueils, il faut généralement dix-huit à vingt mois pour achever le programme et organiser les devoirs/évaluations des cours de Progresso – alphabétisation, numératie, compétences de la vie courante – et passer au cours de langue portugaise. Les adultes admis à l’examen initial de lecture et d’écriture peuvent suivre des cours d’apprentissage du portugais, qui leur permet d’avancer dans le système d’éducation des adultes classique. Le portugais est important puisque c’est la langue officielle utilisée dans les bureaux et les journaux départementaux et nationaux.
Enseignement et apprentissage : approches, méthodes et structure des cours
Conformément aux directives du MINEDH, Progresso alphabétise à l’aide de la méthode analytique/synthétique : commencer par un mot ou une phrase, en s’inspirant de situations de la vie courante. Pour présenter un mot, l’alphabétiseur utilise une image du manuel d’alphabétisation. Le mot permet de présenter une nouvelle syllabe, puis une nouvelle famille de syllabes et de compléter petit à petit un tableau de syllabes. À partir de ces tableaux, les apprenants créent des mots dont ils discutent avec le reste de la classe. Chaque leçon inclut également des exercices de formation de phrases et de lecture d’un texte court. Les apprenants lisent le texte afin de s’exercer à la lecture dès le début et de découvrir le sens du texte en analysant son contenu par rapport à leur vécu. Chaque leçon de révision allie une méthode globale différente à la création orale d’un récit (texte) avec le groupe. Le récit est noté par écrit par l’alphabétiseur. Tout au long du cours d’alphabétisation, la lecture est essentiellement faite par les apprenants, qui ne se contentent pas d’imiter le maître.
Pour l’alphabétisation des adultes en langue locale, la méthode a été peaufinée en collaboration avec le personnel éducatif provincial et des experts, tous locuteurs natifs de la langue. Ils utilisent la méthode analytique/synthétique, qu’ils adaptent pour son application pratique dans les langues locales. Par ailleurs, ces experts ont beaucoup participé à l’élaboration du contenu des manuels de l’apprenant et de l’alphabétiseur.
Chaque enseignant encadre généralement 25 apprenants, conformément à l’effectif minimal fixé par le MINEDH pour le versement d’une subvention (environ 20 dollars par mois). Toutefois, le taux d’abandon est élevé, et beaucoup de classes terminent l’année avec seulement la moitié de l’effectif requis. Cela dit, l’évaluation du programme intégré a révélé un accroissement des taux de rétention dans les classes participantes.
Contenu et supports du programme
Même si le MINEDH a élaboré un curriculum général pour l’alphabétisation des adultes, il n’existe aucun curriculum spécial pour les langues locales. Pour y remédier, Progresso a préparé des manuels d’alphabétisation et de numératie dans cinq langues locales. Il s’agit des langues principales des provinces du nord du pays : yao, nyanja, makua, makonde et kimwani. Partant du curriculum national, les adaptations nécessaires ont été faites en respectant la logique linguistique de la langue d’enseignement locale et la culture du milieu. Aucune forme écrite de ces langues n’ayant été élaborée auparavant, il a fallu un travail intensif pour tester les manuels dans les communautés avec des locuteurs natifs, y compris des enseignants et des formateurs. Ce travail visait à vérifier le caractère linguistiquement correct et compréhensible de la langue pour les locuteurs de ses différents dialectes. Une fois l’orthographe acceptée, l’élaboration et/ou la traduction des supports de lecture et d’écriture dans les différentes langues pouvaient commencer.
La production de supports suit le processus ci-dessous :
- Conception par les travailleurs communautaires.
- Test auprès des groupes et associations communautaires.
- Traduction en langue locale par des linguistes spécialisés en collaboration avec les alphabétiseurs.
- Illustration et édition par la section d’édition de Progresso (spécialisée en édition en langue locale).
- Partage des supports publiés avec le MINEDH et les autorités éducatives provinciales et départementales.
- Arrivée des supports en classe.
Les prestataires privés de services d’alphabétisation des adultes ayant la latitude d’ajouter des compétences de la vie courante et d’élaborer des supports spécifiques en fonction de leurs priorités, Progresso a élaboré divers supports pour la lecture et les compétences de la vie courante sur les thèmes suivants :
- Nutrition
- Santé maternelle et infantile
- VIH/sida
- Maladies évitables, dont le paludisme
- Eau potable et assainissement
- Activités génératrices de revenus, tels que l’élevage, la plantation et l’entretien d’arbres autochtones et l’éducation financière
- Éducation civique et droits de l’homme, dont le droit foncier, le code de la famille et la loi contre la violence domestique
- Gestion des ressources naturelles
Concernant le volet genre du programme intégré, Progresso a produit et distribué deux brochures sur la violence sexuelle et sexiste et un ensemble d’affiches qui expliquent la loi contre la violence domestique.
Recrutement et formation des animateurs
Lors du suivi effectué en 2014, Progresso a caractérisé ses animateurs et enseignants en alphabétisation comme suit :
- Soixante-dix pour cent du corps enseignant est masculin.
- Plus de 50 % ont moins de 25 ans.
- Les animateurs vivent au sein de la communauté où ils enseignent.
- Les animateurs ont achevé au moins le cycle primaire (7ème année), et certains la 8ème ou la 9ème année.
- Les animateurs ne disposent pas d’une qualification professionnelle.
La majorité des alphabétiseurs et des animateurs du pays partagent ces caractéristiques. Les alphabétiseurs sont des bénévoles. Pour les motiver, le gouvernement leur paie un salaire modique (équivalant à 20 dollars par mois). Le MINEDH leur propose un contrat couvrant les 10 mois de l’année scolaire. Ce contrat est renouvelable et ne dépend pas de la rétention des apprenants. Les enseignants conservent leur emploi même si les apprenants quittent massivement leur classe avant d’achever leur cours.
La composition du système éducatif mozambicain aide à comprendre pourquoi les alphabétiseurs d’adultes n’ont pas généralement une préparation formelle. Le Mozambique dispose de cinq instituts de formation d’éducateurs pour adultes, qui offrent une formation professionnelle d’un an à des candidats qui ont fait 10 ans d’enseignement général. Recrutés par les directions provinciales ou départementales de l’éducation, les diplômés de ces instituts travaillent comme agents techniques, chargés d’encadrer les alphabétiseurs. Les instituts ne préparent pas les éducateurs pour alphabétiser des apprenants adultes, mais pour superviser et encadrer les alphabétiseurs. Certains de leurs diplômés intègrent l’équipe de formateurs mise en place par Progresso pour dispenser une formation initiale aux alphabétiseurs.
Même si les alphabétiseurs sont recrutés et payés par l’État, leur formation est généralement dispensée par les agences de mise en œuvre, telles que les églises et la société civile. Progresso offre deux ateliers de sept jours pendant la première année de travail de l’animateur, dans le cadre de la formation initiale des enseignants de ses programmes d’alphabétisation.
Le premier atelier inclut les volets principaux suivants :
- concepts de base de l’andragogie ;
- lecture et écriture en langue locale ;
- méthodologies d’initiation à la lecture et l’écriture en langue locale.
Le second atelier est axé sur l’enseignement de la numératie et des compétences de la vie courante. Les deux ateliers consacrent beaucoup de temps aux exercices pratiques d’enseignement dans des situations de classe simulées et réelles. Ils sont suivis d’une analyse de la performance, qui permet de surmonter les défis et d’améliorer divers aspects de l’enseignement.
Dans le cadre du programme Alphabétisation, tremplin vers l’égalité des genres, un séminaire de sept jours a été offert aux alphabétiseurs impliqués. Il a permis de les informer sur la théorie du genre et la législation mozambicaine sur les droits de la femme et de partager avec eux les méthodes d’enseignement des compétences de la vie courante en cours d’alphabétisation. De même, il présente les objectifs, plans d’action, indicateurs et instruments proposés pour le système de suivi communautaire.
Les équipes de formateurs provinciales et départementales sont sélectionnées pour former les alphabétiseurs. Pour le séminaire de formation en alphabétisation, les formateurs sont choisis parmi le personnel de l’institut provincial de formation des enseignants et le personnel éducatif technique provincial et départemental. Les critères de sélection incluent les compétences techniques pour l’initiation à la lecture et l’écriture, l’expérience en éducation des adultes, les aptitudes et l’expérience en matière d’enseignement en langue locale, les attitudes et l’engagement. Pour les classes de numératie, l’équipe incluait des formateurs issus de l’institut provincial de formation des enseignants. Pour le projet genre, les formateurs venaient du personnel technique de la Direction départementale de l’éducation et du personnel de la Direction départementale de la santé, de la femme et de l’action sociale.
Pour ce projet, Progresso a formé douze formateurs, soit trois par département. Les formateurs ont dispensé une formation en développement des capacités à 64 alphabétiseurs, 250 leaders communautaires, dont 113 femmes, originaires de 25 communautés rurales.
Inscription, identification des besoins d’apprentissage et évaluation de l’apprentissage
Au début de chaque année scolaire, des campagnes locales sont organisées pour encourager les jeunes adultes qui ne savent ni lire ni écrire à s’inscrire aux cours d’alphabétisation. Les leaders locaux et le personnel de l’éducation publique et de Progresso y participent, et des messages radio sont diffusés. Une fois les candidats inscrits et les classes constituées, les alphabétiseurs évaluent le niveau de lecture et d’écriture des apprenants à l’aide d’un test oral. Ensuite, ils adaptent leurs leçons en fonction des connaissances de leurs élèves. De même, l’alphabétiseur discute avec eux des matières qui les intéressent en termes de compétences de la vie courante. Il les informe des supports éducatifs déjà disponibles et prend note des éventuels nouveaux supports à produire en réponse aux besoins exprimés.
En fin de formation, les apprenants passent un examen écrit final préparé par le personnel département de l’éducation et approuvé par les autorités éducatives provinciales. L’examen porte sur les aspects suivants : lecture de mots simples, lecture d’images (savoir écrire le mot correct à côté d’une image), association d’images à des mots, exercice de grammaire, formation de mots à partir d’un tableau de syllabes, rédaction de trois à cinq lignes et test de calcul simple. Les apprenants reçoivent une attestation de participation, signée par le Directeur provincial de l’éducation et Progresso, après avoir suivi avec succès le programme de 300 heures d’alphabétisation et de numératie. Bien que reconnues dans l’ensemble du pays, ces attestations risquent de revêtir peu de valeur pratique si les apprenants ne suivent pas un cours en portugais pour savoir lire et écrire dans la langue officielle.
Suivi et évaluation
La qualité de l’enseignement est assurée grâce à une formation initiale courte, suivie d’une supervision régulière et d’une journée de mise à niveau par mois organisée par les superviseurs (dont des diplômés de l’institut de formation d’éducateurs pour adultes). Le suivi du programme s’effectue à différents niveaux et sur différents sites :
- Au niveau communautaire, l’impact du programme genre est évalué dans le cadre du suivi communautaire. Les alphabétiseurs et les apprenants collectent des données sur un formulaire incluant des indicateurs relatifs à la participation des femmes et des filles à l’éducation, à la violence sexuelle et sexiste, aux pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes et aux filles et à la participation des femmes aux organisations communautaires et à l’administration locale. Conçus dans un premier temps par le personnel éducatif provincial et le personnel de Progresso, les indicateurs ont été présentés aux leaders communautaires et adaptés en fonction de leurs observations. Les données collectées sont désagrégées par classe et par village, puis collationnées pour une présentation aux leaders communautaires et aux autorités départementales.
- La performance des classes d’alphabétisation est suivie par les superviseurs. Chaque superviseur encadre dix alphabétiseurs, assiste au moins à deux cours par mois et organise une journée de formation par mois. Les superviseurs rendent compte au personnel technique départemental, qui soumet des rapports trimestriels à la Direction provinciale de l’éducation et au bureau provincial de Progresso.
- Le personnel provincial de Progresso visite au moins un département par mois. Le personnel provincial de l’éducation et celui de Progresso organisent des visites de supervision trimestrielles conjointes dans les centres d’alphabétisation, où ils assistent aux cours, analysent la performance avec les alphabétiseurs et dispensent une formation continue.
- Le personnel du siège de Progresso effectue des visites de suivi dans les sites provinciaux deux fois par an.
- Les représentants des bailleurs visitent les sites de mise en œuvre du projet une fois par an.
Progresso livre des rapports narratif et financier annuels aux bailleurs, à l’Union européenne et à l’ambassade d’Irlande à Maputo. Le rapport financier inclut les audits externes annuels effectués par un cabinet international. Les résultats du programme sont évalués par rapport à des indicateurs prédéfinis (voir section suivante). Chaque année, le projet TRL est évalué en interne en compagnie du personnel éducatif provincial et départemental et des responsables de projet de Progresso. L’Union européenne a produit un rapport de suivi axé sur les résultats en 2013 dans la province de Niassa pour évaluer les performances et les réalisations.
Volets complémentaires du programme
Une part importante du volet genre du programme intégré consiste à sensibiliser la communauté. Progresso promeut le genre à travers l’activité de suivi communautaire, menée par les apprenants et leurs alphabétiseurs. Outre sa fonction de sensibilisation, le suivi communautaire a un effet éducatif évident : en utilisant les formulaires d’enquête et les données systématisées, les apprenants appliquent et améliorent leurs compétences en lecture, écriture et numératie grâce une activité pratique. L’application des compétences récemment acquises est encouragée à travers la collecte de données et la production de rapports contenant des données agrégées. À ce jour, les rapports narratifs ont été principalement rédigés par l’alphabétiseur, sous la supervision du personnel technique départemental, alors que les apprenants sont conviés à écrire des phrases à inclure dans les rapports finaux. Ces derniers ont été présentés aux leaders locaux ainsi qu’aux institutions publiques et aux organisations de la société civile aux niveaux départemental et provincial. Les indicateurs inclus dans les formulaires d’enquête de suivi communautaire concernent la fréquentation et l’abandon scolaires/des cours d’alphabétisation, la participation aux rites initiatiques, le mariage précoce et forcé, les grossesses précoces, la violence domestique, le traitement des veuves et la participation des femmes aux organes administratifs locaux. Un exercice pratique sur le suivi communautaire est organisé dans une communauté voisine. Il est suivi d’une évaluation par les séminaristes.
En 2013, Progresso a élaboré une stratégie consistant à organiser des bibliothèques communautaires. Au lieu de les implanter dans un lieu fixe, tel qu’une classe, l’ONG a confectionné des caisses en bois devant servir de bibliothèques mobiles dans tous les centres d’alphabétisation du projet. Quelque 171 caisses ont été produites pour ranger les supports de lecture. Ces ouvrages peuvent être utilisés en classe pour la lecture et les discussions collectives. Certaines communautés autorisent les apprenants à emprunter des livres. L’alphabétiseur gère la bibliothèque mobile du centre avec l’appui de son superviseur.
Impact et défis
Impact et réalisations
En 2012, Progresso a fixé deux cibles principales pour le projet TRL pour fin 2015 :
- Doter 48.750 jeunes et adultes (dont 70 % de femmes, parmi lesquelles 5.850 handicapées) d’un niveau d’alphabétisme, de numératie et de compétences de la vie courante suffisant pour améliorer leur qualité de vie. En 2014, suite à une évaluation à mi-parcours, les cibles du projet ont été révisées, avec plus de départements à couvrir (de huit à neuf) et une baisse des effectifs dans les deux provinces (de 48.750 à 22.500).
- Favoriser la création de capacités humaines et institutionnelles pour réaliser les changements structurels nécessaires pour l’éradication effective de l’analphabétisme des jeunes et des adultes, en particulier chez les femmes et les personnes handicapées, en alphabétisant et en enseignant les compétences de la courante en langue maternelle.
Pour le projet Alphabétisation, tremplin vers l’égalité des genres, Progresso a fixé les cibles spécifiques suivantes :
- Sensibiliser les apprenants adultes des soixante-quatre classes d’alphabétisation de 25 communautés et les former à la promotion du changement des pratiques traditionnelles nuisibles aux femmes et aux filles (comme les rites initiatiques pour les enfants de moins de 16 ans, le mariage précoce, les grossesses précoces, la violence à l’égard des femmes et des enfants et le traitement inhumain des veuves).
- Renforcer la connaissance de 3.200 femmes et hommes (dont 1.625 la première année) des lois régissant l’égalité des sexes et les droits de la femme et améliorer leur capacité à rattacher le contenu de ces lois aux pratiques traditionnelles et culturelles qui réduisent les opportunités de promotion des femmes.
- Appuyer l’autonomisation de 250 leaders locaux, traditionnels et administratifs au niveau communautaire afin de les doter du savoir et des compétences nécessaires pour traiter les questions de droits humains de la femme conformément à la loi.
- Accroître la présence des femmes dans les organes administratifs locaux, les conseils consultatifs et les institutions communautaires formelles et informelles des quatre départements couverts par le projet (Lago, Sanga, Muembe et Chimbunila).
Le projet TRL a créé un véritable engouement pour l’alphabétisation en langue locale dans la province de Niassa. Alors que jusqu’en 2012 cette activité se confinait à deux départements et cinq classes, de 2012 à 2015 Progresso a soutenu plus de 800 classes en collaboration avec les leaders communautaires et les autorités éducatives aux niveaux provincial et départemental. Le projet a fortement stimulé l’enseignement des langues locales dans les provinces de Niassa et Cabo Delgado, mais aussi dans l’ensemble du pays.
Progresso a fourni des manuels et d’autres supports de lecture et d’éducation en cinq langues locales et formé les formateurs et les enseignants en alphabétisation en langue locale, tandis que le gouvernement se charge de verser chaque année des primes de motivation à plus de 200 enseignants et superviseurs. Ce faisant, il a relevé le statut social des langues locales, en général, et des enseignants et apprenants en langue maternelle, en particulier. Dans ce contexte, la place prépondérante que le MINEDH accorde à l’alphabétisation des adultes en langue locale dans son nouveau plan stratégique pour l’éducation des adultes (en cours de préparation) constitue un résultat important du projet.
Le volet TRL du programme intégré prend fin en novembre 2016. Une évaluation de son impact est prévue en octobre et en novembre de la même année, mais d’ores et déjà une évaluation préliminaire du volet genre révèle de meilleurs taux de rétention pour les classes d’alphabétisation qui ont participé au projet intégré. L’évaluation externe du projet (faite en juin 2014 par un spécialiste du suivi et évaluation engagé par Progresso) a conclu à son caractère innovant, avec la participation active des communautés et une forte relation avec les organisations communautaires. Elle a souligné que le lien entre alphabétisation et discussions communautaires sur le genre a favorisé des changements de comportements et d’attitudes au sein du groupe cible. Autre point positif important, l’interaction et la participation de partenaires stratégiques publics et privés.
Les activités de plaidoyer et de lobbying, organisées dans le cadre du projet, ont joué un rôle important dans la sensibilisation. La prise de conscience a induit des changements visibles des attitudes et actions envers les femmes et les filles. Par exemple, hommes et femmes partagent de plus en plus les tâches quotidiennes, et les parents évitent les pratiques favorisant l’abandon scolaire, en particulier chez les filles. De même, les leaders locaux ont pris une décision importante concernant la tenue des rites initiatiques. Au lieu de les organiser en pleine année scolaire, ils ont décidé de reporter ces pratiques traditionnelles aux grandes vacances. En outre, ils ont accepté de réglementer l’âge des enfants à initier pour éviter la participation de très jeunes enfants. L’évaluation a conclu que le projet a réalisé la plupart des résultats attendus. L’évaluateur a recommandé à Progresso de redoubler d’efforts pour reproduire et pérenniser le programme. D’après une évaluation externe, avec le nombre accru de femmes qui achèvent le cours d’alphabétisation, le projet a également aidé à réduire l’abandon scolaire des filles du primaire.
Lors de l’assemblée générale de fin de projet, tenue en juin 2014, tous les participants (leaders communautaires, alphabétiseurs, superviseurs et personnel technique départemental et provincial des Directions départementales de l’éducation, de la femme et de l’action sociale, représentants des bailleurs et société civile) ont exprimé leur appréciation positive du programme en raison des changements qu’il a induits en termes de perception des relations hommes-femmes et de leur lien avec la pratique quotidienne du genre. Les discussions ouvertes et franches lors des sessions sur les droits de la femme, le genre et la culture ont largement aidé les leaders, les enseignants et les apprenants à percevoir autrement les relations hommes-femmes. Selon un leader communautaire du village de Messumba (département de Lago), « Les débats ont été comme une lampe torche pour nous !»
Enfin, en sélectionnant des communautés proches les unes des autres, l’ONG a augmenté les chances de réaliser un changement de pratiques traditionnelles à l’échelle du réseau communautaire. Grâce à l’action de Progresso, un leader a décidé de reporter le rite initiatique, qui occasionnait de nombreux abandons scolaires chez les filles, du milieu à la fin de l’année scolaire. Les communautés voisines l’ont imité.
Témoignages
J’ai arrêté les études… en 2001, quand j’ai perdu mes parents. À l’époque, je ne savais ni lire ni écrire. J’ai décidé de reprendre en 2012 en suivant un cours d’alphabétisation. Pour faciliter mon apprentissage, j’ai choisi de m’alphabétiser en langue maternelle… La même année, j’ai épousé Alabia Aly, et nous avons maintenant deux enfants. Nous participons tous deux aux cours d’alphabétisation. Pour donner du temps à ma femme et respecter ses droits, nous partageons les activités domestiques. Cette semaine, c’est à moi d’aller chercher de l’eau et de laver les enfants. Peu importe ce qu’en pensent mes voisins. Ma femme n’est pas une machine à mon service, mais un être humain qui mérite de se reposer comme moi. Imede Abasse, apprenant du programme intégré
[Le] conseil consultatif de [ma communauté] se composait de trois femmes et dix-sept hommes. Lors des réunions, les femmes n’intervenaient sur aucun sujet. Lorsqu’on leur donnait la parole, elles répondaient : « Nous sommes d’accord. Les hommes ont raison ». En 2014, le conseil a été relancé. Actuellement, neuf de ses vingt membres sont des femmes très actives au sein de l’organisation et dans la communauté. Je pense que c’est grâce à leur participation active que les femmes de mon quartier ont beaucoup changé. Maintenant, lorsque nous organisons des réunions pour discuter de questions de développement, elles donnent leur avis. Grâce aux femmes, notre communauté a désormais une borne-fontaine et de l’eau potable. Leader traditionnel d’une communauté desservie par Progresso
Leçons apprises
- L’utilisation des groupes d’alphabétisation comme plateforme de réflexion sur les problèmes communs et de recherche de solutions est un concept largement accepté dans le domaine de l’alphabétisation. Mais, il est souvent difficile d’allier cette approche à l’enseignement de la lecture et de l’écriture puisque cela exige de l’enseignant un niveau élevé de compétence pédagogique et didactique. Le projet genre a enrichi l’approche de réflexion d’une méthode active d’enseignement de la lecture, l’écriture et la numératie. Des leçons spécifiques ont été préparées et des activités menées en vue de rattacher efficacement l’enseignement des compétences de la vie courante à celui de la lecture et de l’écriture.
- Le volet de suivi communautaire de la composante genre du programme intégré s’est révélé être un instrument efficace pour favoriser l’implication et l’adhésion des alphabétiseurs et des apprenants, mais aussi de la communauté en général et des leaders locaux en particulier. Pour Progresso, le suivi communautaire systématique constitue un nouveau de collaboration avec les communautés. Pour le personnel éducatif, il permet de comprendre comment rendre les cours d’alphabétisation intéressants et utiles pour les apprenants.
- La création d’un lien direct entre l’enseignement et l’action de mobilisation sociale en compagnie des leaders communautaires s’est révélé une approche très efficace pour induire un changement inclusif et durable des relations hommes-femmes, notamment en termes de création d’opportunités de participation des femmes et des files aux activités de développement communautaire.
- Le caractère oral de la culture locale constitue un aspect particulier. Les localités rurales étant généralement peu peuplées, le mode de communication oral direct est facile à perpétuer et, très souvent, il n’y a aucun mot écrit dans le village : ni nom de rue ni panneau de signalisation et peu de publicité. D’où, le faible besoin de lire. En conséquence, tout programme d’alphabétisation doit inclure la fourniture de supports éducatifs et de lecture pour permettre aux adultes de découvrir les bienfaits de la lecture.
- L’installation de bibliothèques mobiles dans les centres d’alphabétisation a permis de maintenir les livres en bon état.
Défis
- La tradition et la culture patriarcale prédominent en milieu rural et déterminent tous les aspects de la vie. La tradition veut que les femmes ne décident pas en toute autonomie des questions concernant leur santé, leur argent ou leur mariage. De même, il leur faut souvent l’autorisation du mari pour participer aux cours d’alphabétisation. La mobilisation sociale joue un rôle important pour changer cette situation, mais aussi les autres aspects de la tradition qui nuisent à la femme.
- La plupart des alphabétiseurs ont un très faible niveau de qualification académique et de formation professionnelle. De plus, leur statut de bénévole et leur salaire bas peuvent entraîner un manque de motivation et une rotation élevée du personnel. La professionnalisation de l’alphabétisation des adultes reste un défi de taille pour le gouvernement mozambicain.
- Les infrastructures manquent. D’où, la tenue fréquente des cours en plein air ou chez un tiers.
- Les apprenants, en particulier les femmes, ont du mal à concilier apprentissage et responsabilités professionnelles et familiales.
Pérennité
Un aspect important du programme intégré réside dans la volonté des organisateurs d’en garantir la pérennité au-delà des 18 mois de sa mise en œuvre. Cette volonté transparaît dans leurs différentes stratégies : un partenariat fort avec le MINEDH et ses démembrements locaux, le renforcement des capacités des prestataires locaux, la création de supports d’apprentissage pertinents et la mise en place de projets complémentaires pour l’entretien desdits supports, y compris après la fin du projet.
Les animateurs sont pris en charge par le MINEDH. En outre, certains formateurs d’animateurs de Progresso sortent des instituts de formation d’éducateurs pour adultes.
Le projet TRL a investi dans les ressources humaines, notamment les formateurs d’alphabétiseurs en langue locale, les alphabétiseurs et les superviseurs. Le projet genre a suivi la même stratégie pour pérenniser ses activités : formation d’une équipe de formateurs dans chaque département et formation des alphabétiseurs et des superviseurs aux aspects techniques des questions de genre et à l’intégration des concepts de genre dans leur enseignement quotidien. Des formateurs départementaux en genre ont été formés pour diriger les discussions sur les questions sensibles avec les leaders communautaires. Ceux-ci ont découvert les effets positifs d’un dialogue organisé et ont décidé de maintenir les séances de dialogue sur les problèmes sociaux de leur communauté. Progresso espère que le transfert de connaissances et la sensibilisation se poursuivront au cours des années à venir grâce aux alphabétiseurs et aux connaissances qu’ils ont acquises sur le genre, mais aussi à la présence de supports éducatifs et de lecture sur le genre dans les bibliothèques des centres d’alphabétisation.
Puisque les autorités éducatives ont pris en charge le salaire des alphabétiseurs, il ne devrait y avoir aucune interruption à la fin du projet. Progresso fera un plaidoyer pour le recyclage régulier des enseignants qualifiés afin de préserver la qualité.
Le projet a fourni des supports d’apprentissage et de lecture en langue locale qui peuvent être utilisés au-delà de son cycle de vie. En outre, animateurs et apprenants pourront continuer à utiliser les supports grâce aux bibliothèques mobiles des centres d’alphabétisation. Celles-ci sont conçues dans le but de maintenir les livres en bon état.
Des propositions sont en cours de préparation pour lever des fonds destinés à reproduire le projet dans la province de Cabo Delgado. Des bailleurs potentiels ont été contactés pour un autre projet qui vise à étendre et à diversifier les activités de l’initiative Alphabétisation, tremplin vers l’égalité des genres dans la province de Niassa. Les leçons apprises de la mise en œuvre des projets intégrés seront déterminantes pour l’élaboration d’approches intégrées, comme le prévoit le nouveau plan stratégique pour l’éducation des adultes pour la période 2015-2019 en cours d’élaboration par le MINEDH.
Sources
- All Africa (2015). Mozambique: Fully Bilingual Primary Education as From 2017. [consulté le 13 juillet 2015]
- Banque Mondiale(2015). Mozambique Overview [consulté le 10 juillet 2015]
- Chimbutane, F. (2013). Rethinking bilingual education in postcolonial contexts;. In: Multilingual Matters, Vol. 81.
- UNAIDS (2013). Mozambique. [consulté le 10 juillet 2015]
- UNESCO Dakar Office (2014). EFA Country Profile 2012: Mozambique.[PDF 209,02 KB] [consulté le 12 juillet 2015]
- United Nations Development Programme (UNDP) (2014). Human Development Report 2014.[PDF 368,42 KB] [consulté le 10 juillet 2015]
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Dernière mise à jour : 24 août 2015