Présentation générale du programme
Titre du programme | Initiative Passerelles vers l’avenir |
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Organisation chargée de la mise en œuvre | MoltenoInstitute for Language and Literacy et International Literacy Institute |
Langues d’enseignement | Anglais, sépédi, xitsonga, setswana et tshivenda |
Partenaires de financement | Ministère sud-africain de l’Éducation, JP Morgan Chase, Fondation W.K. Kellogg, Fondation Spencer, Université de Pennsylvanie, USAID et Banque mondiale. |
Partenaires | Direction nationale de l’éducation de base, Direction provinciale de l’éducation de Limpopo, Trydian Interactive Software, Commission sud-africaine des langues (Pan South African Language Board), Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) de Pretoria et Université de Limpopo |
Coûts annuels du programme | 150 000 $ Coût annuel par apprenant : 3 dollars |
Date de création | 2007 |
Historique et contexte
Située à l’extrémité sud du continent africain, l’Afrique du Sud est une société multiethnique aux cultures, langues et religions diverses. La pluralité des composantes de la société sud-africaine se reflète dans la reconnaissance officielle de 11 langues bénéficiant toutes du même statut juridique. L’anglais, bien qu’étant la langue la plus utilisée dans la vie publique et commerciale, n’est que la quatrième du pays (Statistics South Africa, 2012). Le recensement de 2011 classe l’isizulu en tête, avec 22,7 % de la population qui le parlent à domicile. Il est suivi de l’isixhosa, parlé à domicile par16 % de la population, de l’afrikaans (13,5 %), du sépédi (9,1 %) et du setswana et de l’anglais (8,2 % chacun).
Il est essentiel de s’alphabétiser pour participer au monde moderne. Or, beaucoup d’adultes sud-africains sont à peine alphabétisés. Ce problème est exacerbé par le caractère multilingue et multiculturel de la société. Les chiffres fournis à l’Institut de statistique de l’UNESCO par les autorités sud-africaines indiquent que 93,1 % des adultes savent lire et écrire (2012). Or, l’Enquête générale sur les ménages (General Household Survey, GHS) de Statistics South Africa (StatsSA), qui donne ce chiffre, définit l’alphabétisme des adultes comme l’aptitude autodéclarée à lire et à écrire de courtes phrases. L’enquête de 2012 demandait aux adultes âgés de plus de 15 ans qui n’avaient pas atteint la 7e année d’études s’ils savaient écrire leur nom, lire et remplir un formulaire, écrire une lettre, calculer la monnaie ou lire les panneaux de signalisation, ou s’ils éprouvaient quelques difficultés à le faire (Statistics South Africa, 2012). L’enquête GHS suppose que toute personne ayant atteint au moins la 7e année d’études est alphabétisée. Cependant, les évaluations nationales et internationales indiquent que l’analphabétisme est plus répandu dans le pays, en particulier parmi les communautés autrefois marginalisées. Par exemple, les enfants sud-africains ont obtenu les plus faibles résultats dans le cadre de l’évaluation des compétences en lecture des élèves de 4e année organisée par le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) en 2006. En 2007, l’Afrique du Sud s’est classée 8e sur15 pays participant à l’étude du Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ), derrière le Botswana, la Tanzanie, le Zimbabwe et la Namibie. Sa propre évaluation annuelle nationale a confirmé cette tendance en 2011, avec seulement 31 % des élèves de la 3e année et 15 % de la 6e année à avoir obtenu la moyenne (50 %). Ces tests ont été effectués dans la langue que les apprenants parlent à domicile. Les niveaux et les résultats devraient être encore plus faibles en seconde langue, l’anglais pour beaucoup d’élèves sud-africains. En dépit de l’engagement déclaré du gouvernement à promouvoir le plurilinguisme et l’alphabétisation en langue maternelle dans tous les aspects de la vie publique, le système éducatif privilégie toujours l’élite afrikanophone et anglophone (UNESCO Bangkok, 2008).
Ce problème est exacerbé par l’expansion des nouvelles technologies, qui a créé une fracture numérique entre riches et pauvres. Les études montrent que l’anglais prédomine sur Internet, avec 32 % des contenus, suivi du chinois, à 13 % (Wagner, 2014). Une tendance similaire peut être observée dans le domaine des logiciels éducatifs où l’anglais est la langue la plus utilisée, au détriment des autres langues internationales, notamment des grandes langues régionales (ibid). Cette situation, qui constitue un obstacle à la participation d’un grand nombre de personnes issues des minorités ethniques, accentue la fracture numérique.
Présentation générale du programme
L’Initiative Passerelles vers l’avenir (BFI) s’inspire d’un projet pilote initié en 2004 en Inde par l’État d’Andhra Pradesh. Le concept de base de ce projet – améliorer le niveau d’alphabétisation à l’aide de leçons interactives sur ordinateur – a été mis au point par l’International Literacy Institute (ILI) de l’Université de Pennsylvanie, qui soutient le programme. En Afrique du Sud, l’initiative est dirigée par Molteno Institute for Language, une ONG locale. Fort de ses ressources humaines et de ses 40 années d’expérience dans le domaine de l’alphabétisation en Afrique du Sud et appuyé par l’ILI, Molteno a conçu le programme, qui a été mis en œuvre en 2010 dans la province de Limpopo. Un développeur de logiciels local, Trydian Interactive, a créé une application pour servir de support à la vision de Molteno. Le succès du programme auprès des adultes a amené Molteno et l’ILI à chercher un financement afin de l’étendre aux écoles élémentaires.
Sur le terrain, le programme bénéficie de l’appui de la Direction nationale de l’éducation de base, de la Direction provinciale de l’éducation de Limpopo et du bureau du Premier ministre. Des comités de pilotage ont été mis sur pied dans la province de Limpopo pour appuyer la mise en œuvre de l’initiative BFI dans 55 écoles élémentaires, tandis que les institutions gouvernementales se sont engagées à soutenir son expansion. L’objectif est d’exécuter le programme dans 200 écoles d’ici à la fin de l’année 2015.
L’initiative BFI propose des programmes en trois langues africaines – sépédi, xitsonga et tshivenda – et en anglais pour favoriser l’alphabétisation et l’acquisition de compétences en lecture. Pour ce faire, elle offre une instruction complémentaire à l’aide de tablettes et d’ordinateurs de bureau (Molteno, 2013).
Le programme ne se contente pas d’améliorer l’accès à des supports éducatifs de bonne qualité. En utilisant des langues africaines, il suscite aussi chez les communautés sud-africaines autrefois marginalisées l’envie d’apprendre. Même si la province de Limpopo fait partie des plus pauvres d’Afrique du Sud, certains de ses établissements scolaires (environ 10 %) disposent de salles informatiques. Toutefois, celles-ci n’offrent en général que des supports en anglais. Le programme BFI aide à combler ce manque de ressources en langue maternelle dans la région. Il s’appuie également sur le caractère intrinsèquement motivant des TIC en Afrique. En collaboration avec la Direction nationale de l’éducation de base, il a montré la voie en matière d’utilisation des TIC pour l’apprentissage et l’alphabétisation. Le programme BFI offre un environnement d’apprentissage autogéré, avec des opportunités d’évaluation et d’assistance continues qui permettent de l’étendre, au-delà de l’école, aux parents et aux enfants dans le cadre d’une alphabétisation intergénérationnelle à domicile basée sur les TIC. De ce point de vue, il fait figure de pionnier en Afrique du Sud.
L’organisation chargée de la mise en œuvre, Molteno Institute for Language and Literacy, a été créée en 1974 sous forme de projet de l’Université de Rhodes. Molteno veut assurer le perfectionnement professionnel des enseignants à moindre coût, améliorer le niveau des apprenants et répondre aux défis liés à l’alphabétisation et aux langues en Afrique du Sud par le biais de la recherche, en mettant l’accent sur le développement des TIC (Molteno, 2013).
L’ILI a été créé en 1994 par l’UNESCO et la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Pennsylvanie. Outre l’assistance technique qu’il a fournie pour le développement de prototypes de logiciels multimédia en langue sépédi, l’institut a collaboré avec l’Université de Limpopo dans le cadre de projets de recherche sur les langues et l’alphabétisation. En 2007, l’ILI et Molteno ont signé un accord de partenariat relatif au projet BFI et à l’utilisation des langues sud-africaines dans les applications multimédia.
Buts et objectifs
Le programme BFI vise à :
- Offrir un contenu d’apprentissage interactif des TIC aux adultes et aux enfants des écoles élémentaires afin d’améliorer leur niveau d’alphabétisation et de connaissances informatiques ;
- Proposer un contenu d’apprentissage authentique en langues locales aux apprenants adultes et aux écoliers de Limpopo ;
- Développer des activités interactives leur permettant de reconnaitre les sons et les phonèmes, mais aussi de lire des phrases et des textes ;
- Consolider et compléter l’enseignement dispensé en classe à travers un contenu et des exercices de révision appropriés ;
- Lutter contre la fracture numérique dans le domaine de l’éducation et des technologies en renforçant les compétences des apprenants en alphabétisation, en éducation de base et en technologie pour leur permettre de mieux déterminer leur propre avenir social et économique.
Mise en œuvre du programme
Enseignement et apprentissage : approches et méthodes
Le programme considère l’alphabétisation en langue maternelle comme un facteur clé de l’apprentissage des langues. La discrimination à l’égard des langues maternelles a eu un effet néfaste sur l’alphabétisation (Ouane et Glanz, 2005), provoquant la résistance et la démotivation des apprenants et entraînant un fort taux d’analphabétisme, une faible fréquentation scolaire et un taux d’abandon élevé (ibid). L’alphabétisation en langue maternelle est indispensable pour réaffirmer la valeur des savoirs locaux et renforcer l’assurance des apprenants. Une alphabétisation efficace doit aussi intégrer les pratiques d’apprentissage locales qui sont à la portée des apprenants (ibid). Par l’utilisation du multimédia en langues locales, BFI affirme sa reconnaissance des besoins et des savoirs locaux tout en luttant contre la fracture numérique à travers l’alphabétisation, l’éducation de base et les connaissances informatiques en langue maternelle. À l’issue du programme, les apprenants sont mieux outillés pour déterminer leur avenir et celui de leur communauté.
Le programme enseigne les sons isolés ou combinés et les constructions complexes à travers une approche basée sur la phonétique qui fait appel à des activités d’identification des phonèmes et à des jeux d’orthographe. Transcrites en caractères latins à l’aide de l’alphabet limité de la langue anglaise, les langues africaines contiennent cependant des sons complexes et nuancés qui n’existent pas en anglais. C’est pourquoi, en plus de l’alphabet anglais, BFI a également introduit des combinaisons complexes, en associant à leur image visuelle (lettre majuscule et minuscule) un enregistrement audio du son correspondant et des exemples de mots commençant par la même lettre. Cette phase est suivie d’une série d’activités au cours desquelles les apprenants doivent identifier des mots commençant par la lettre ou la combinaison de lettres cible et utiliser la phonétique de la langue cible pour construire des mots.
Les leçons incluent également une composante d’écoute et un texte suivi de questions de compréhension et d’activités de ponctuation et d’éveil grammatical. Le programme est conçu pour compléter le curriculum national tout en laissant aux apprenants le choix de la langue d’instruction.
Contenu et supports du programme
En évaluant les besoins des apprenants, Molteno s’est appuyé à la fois sur sa longue expérience dans le domaine de l’alphabétisation et sur les projets de recherche en cours. Le programme cible les domaines d’alphabétisation où les apprenants sont généralement faibles, tels que la ponctuation et la compréhension ainsi que les compétences phonémiques nécessaires pour faire des progrès. Comme indiqué plus haut, il s’agit d’un apprentissage autogéré qui permet aux apprenants d’avancer à leur rythme. L’accès à la technologie des tablettes mobiles a amélioré cette flexibilité, en créant des opportunités d’apprentissage en dehors de la classe et pendant les pauses prolongées (telles que les vacances) – ce qui renforce les acquis obtenus en classe.
Le contenu du curriculum a été développé conformément à la Déclaration des politiques d’évaluation des programmes d’enseignement de l’Afrique du Sud, qui fait partie de la Stratégie nationale pour la lecture. La fréquence des différentes combinaisons phonétiques a été analysée à l’aide de dictionnaires existants afin d’identifier leur ordre naturel de présentation aux apprenants de chaque langue. Les supports de l’initiative BFI ont été formellement approuvés par les responsables des programmes d’enseignement du ministère sud-africain de l’Éducation.
Le matériel d’enseignement a été mis au point par Molteno et l’ILI en partenariat avec des ONG et des agences gouvernementales. Même si la composante d’écoute et la séquence d’animation introductive sont identiques pour toutes les langues, le reste du contenu est développé dans chaque langue de façon indépendante par des enseignants, des linguistes et des spécialistes en programmes d’enseignement. Le contenu final a été longuement testé en zone rurale dans le but de vérifier son adéquation et revu par des enseignants et des chefs d’établissement scolaire ou de centre d’éducation.
Le programme multimédia offre les fonctionnalités suivantes :
- Environnement d’apprentissage interactif, avec des supports visuels et audio intéressants en sépédi, xitsonga, tshivenda et anglais ;
- Didacticiel facile à suivre pour développer et appliquer les compétences informatiques de base.
En utilisant l’animation pour susciter l’intérêt des apprenants, le package vise à promouvoir un apprentissage rapide, au rythme qui convient à chaque apprenant. Le contenu d’apprentissage s’inspire fortement du quotidien d’une famille typique de Limpopo. Ainsi, les apprenants s’y identifient facilement et sont encore plus motivés à apprendre. Le contenu est entièrement basé sur les activités d’une famille typique et de sa communauté. Chaque leçon commence par une animation destinée à susciter l’intérêt de l’apprenant et à créer un contexte familier pour l’apprentissage. Chaque histoire s’appuie sur la précédente et favorise l’acquisition d’autres compétences sociales et professionnelles.
Après l’animation, les apprenants font une série d’exercices interactifs. L’image ci-dessous est tirée d’un exercice d’écoute. L’apprenant doit cliquer sur les mots pour les écouter. Il peut cliquer sur un mot autant de fois qu’il le désire tant qu’il ne se sent pas prêt pour passer à l’activité suivante.
Les progrès des apprenants tout au long du programme sont enregistrés sur clé USB pour leur auto-évaluation et pour le suivi par les instructeurs. À la fin de chaque exercice, les apprenants sont félicités et invités à passer au module suivant.
Les apprenants ont le contrôle total du processus d’apprentissage tout au long du curriculum. Aidés d’un narrateur qui les guide durant chaque leçon et activité, ils avancent à leur propre rythme. Les commandes de navigation simples à utiliser leur donnent la possibilité d’interrompre la leçon à tout moment, de refaire une activité ou de réécouter des mots ou des phrases. Cela leur permet de maîtriser chaque leçon et de renforcer leur assurance et les encourage à passer au niveau supérieur.
L’objectif général de l’initiative BFI est de combler la fracture numérique en Afrique du Sud en améliorant les niveaux d’alphabétisme et les connaissances en informatique. Lors de la phase suivante, le projet sera étendu aux 11 langues officielles sud-africaines afin de couvrir l’ensemble du pays.
Originalité du programme
Le programme est novateur à bien des égards :
- C’est le seul programme d’alphabétisation de grande envergure en Afrique à proposer l’alphabétisation multilingue à l’aide d’ordinateurs et de tablettes.
- C’est le premier programme sud-africain à utiliser des supports d’alphabétisation adaptés pour les enfants, les jeunes et les adultes tout en répondant aux besoins et aux motivations des apprenants de tous âges. Il le fait, par exemple, en adaptant le scénario : alors que le contenu du programme pour adultes peut se focaliser sur des questions professionnelles, le contenu destiné à l’école élémentaire peut porter sur l’emprunt de livres à la bibliothèque.
- Il utilise les langues locales comme outil de motivation, permettant aux enseignants de passer d’une langue à l’autre en fonction des besoins des apprenants.
- C’est le premier programme sud-africain à utiliser l’outil d’évaluation des aptitudes de base en lecture (Early Grade Reading Assessment, EGRA) pour un programme multimédia. Cet outil permet d’évaluer les progrès des élèves en lecture (Grove & Wetterberg, 2011). La capture d’écran ci-dessous représente des évaluations développées dans trois langues locales et en anglais.
- C’est la première fois qu’un programme d’alphabétisation sud-africain organise des contrôles aléatoires pour mesurer l’impact et l’efficacité des supports informatiques. L’intervention est effectuée au niveau de l’établissement scolaire, et les résultats sont comparés à celui d’une analyse contrefactuelle.
- C’est l’une des rares initiatives d’alphabétisation sud-africaine à s’appuyer sur un large partenariat, qui inclut ONG, universités, agences gouvernementales, secteur privé et fondations, communautés, écoles et apprenants. Ces partenaires sont le ministère de l’Éducation nationale, la Direction provinciale de l’éducation de Limpopo, Trydian Interactive Software, la Commission sud-africaine des langues (Pan South African Language Board), le Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) de Pretoria et l’Université de Limpopo.
- C’est l’un des premiers partenariats Nord-Sud en matière d’alphabétisation entre un grand institut universitaire international de recherche et une ONG africaine dirigée par des Africains, avec échange d’étudiants, d’idées et de ressources.
Recrutement et formation des animateurs
Le programme est animé par des enseignants, des formateurs d’enseignants et des informaticiens, qui sont payés 20 dollars par jour. Le personnel de Molteno assure la formation des animateurs. La formation complémentaire, spécifique au programme, se déroule en trois sessions lors desquelles le personnel de Molteno travaille directement avec les animateurs, qui apprennent le fonctionnement du programme BFI, la résolution des problèmes et la gestion des différentes activités.
Sélection des écoles bénéficiaires
Cinquante-cinq écoles ont été choisies pour le lancement initial du programme avec distribution d’ordinateurs et de tablettes. Le programme cible les écoles « à accès gratuit », dénuées de ressources, mais dotées d’ordinateurs en bon état. Les écoles ont été choisies en concertation avec les autorités gouvernementales et, dans la mesure du possible, conviées à programmer et à offrir des chances d’accès à tous les apprenants des 1e, 2e et 3e années. À quelques exceptions près, elles ont su respecter ces programmes.
Évaluation des résultats d’apprentissage par les apprenants
Les apprenants des 1e et 2e années ne participent pas à l’évaluation externe. En revanche, ceux de la 3e année participent à l’examen national annuel. En fin d’année, les résultats des apprenants participants peuvent être comparés à ceux des élèves d’écoles non participantes, dotées de caractéristiques similaires. Tous les résultats d’apprentissage sont évalués à l’aide de l’outil EGRA utilisé lors des tests de référence des différents niveaux d’intervention. Les résultats obtenus en fin du programme sont comparés aux résultats initiaux pour mesurer l’amélioration des résultats d’apprentissage et la comparer aux résultats obtenus dans le cadre du curriculum d’alphabétisation classique.
Suivi et évaluation
Une inspection initiale des salles informatiques a été effectuée dans chacune des 45 écoles participantes pour s’assurer qu’elles répondent à la configuration minimale du système. Des tablettes ont été utilisées dans 10 autres écoles. Les animateurs régionaux de Limpopo exécutent un calendrier de suivi leur permettant d’assurer un encadrement permanent sur le terrain, de vérifier que les enseignants appliquent les programmes et d’inspecter les salles informatiques. Un instrument de suivi de la durée d’exécution des tâches a été élaboré afin d’encadrer pas à pas les progrès des apprenants tout au long du curriculum. Il permet de noter le nombre d’activités effectuées par session à deux intervalles différents, identifie la langue utilisée, indique si les apprenants travaillent seuls ou par groupes de deux, le nombre de leçons achevées et le nombre de fois qu’une leçon a été répétée. Un « journal de l’enseignant » est utilisé pour enregistrer le temps passé en salle informatique par semaine et la fréquence des demandes d’assistance de la part des apprenants.
Afin d’évaluer l’amélioration du niveau d’alphabétisation, des tests de référence d’apprenants scolarisés ont été administrés dans les écoles participantes avant la mise en œuvre du programme à l’aide de l’outil EGRA. Développé avec l’appui de l’USAID, cet outil a été utilisé dans certains pays africains dans le but de mesurer rapidement la progression des apprenants des programmes d’alphabétisation de base. Les résultats de l’évaluation EGRA de fin de programme sont comparés aux données initiales et au groupe de contrôle afin d’évaluer l’impact du curriculum de BFI.
Impact et défis du programme
Impact et réalisations
- Le programme BFI a installé avec succès environ 500 ordinateurs dans 45 salles informatiques à travers la province de Limpopo et dans 50 autres centres d’éducation de base et de formation des adultes. Les systèmes ont été analysés et des fichiers Windows mis à jour pour respecter la configuration requise. Les écoles se sont appropriées le programme en fournissant du matériel supplémentaire tel que des écouteurs pour faciliter l’accès des apprenants au contenu ;
- Le programme a été conçu pour être à la fois efficace et viable. Pour cette raison, des efforts considérables ont été déployés pour s’assurer le soutien et l’implication à long terme du gouvernement une fois le projet mis à l’échelle ;
- Le contenu des cours est authentiquement sud-africain et présenté dans les langues nationales appropriées. En Afrique, la plupart des supports multimédia sont réalisés en langue étrangère ou « localisés » à partir d’une version étrangère.
Défis
- Qualité. Le programme BFI a mis à contribution des linguistes, des éducateurs et des développeurs de logiciels pour créer des outils d’alphabétisation multimédia basés sur les TIC. Le contenu et le langage ont été vérifiés au niveau régional dans le but de garantir la qualité requise. Le processus a été long, avec des révisions supplémentaires permanentes, effectuées sur la base des commentaires et observations des écoles.
- Infrastructure. La plupart des ordinateurs de la province de Limpopo n’étant pas connectés à Internet ni régulièrement mis à jour, le programme a dû prendre en charge la mise en jour et l’entretien de nombreuses salles informatiques, dans les établissements scolaires comme dans les centres d’éducation de base des adultes. Lors de son lancement, il a consacré énormément de temps à ce type de problèmes.
- Contraintes. Le programme a été confronté au problème des connaissances informatiques limitées de certains enseignants et alphabétiseurs. La plupart ne disposent pas d’ordinateurs et peu d’entre eux savent les utiliser. C’est pourquoi les logiciels de BFI ont été conçus avec une interface très conviviale et une session introductive, en trois langues locales et en anglais, destinée à faciliter l’utilisation du système et l’accès aux leçons. Une autre contrainte réside dans l’évolution rapide des plateformes informatiques. Pour y faire face, le programme a introduit des tablettes. Cette plateforme, bien que potentiellement très utile, est encore moins connue que les ordinateurs de bureau. Le personnel de Molteno est conscient de ces contraintes et collabore avec des agences locales pour les éliminer.
Leçons apprises
La mise en œuvre de programmes basés sur les TIC en milieu rural présente un certain nombre de défis. Les écoles déclarent parfois avoir des ordinateurs, mais il s’agit souvent de machines infectées de virus ou anciennes au point de ne pas être compatibles avec les clés USB ou les CD. Certains ordinateurs exécutent des versions pirates de Windows ou sont dépourvues de système d’exploitation. D’autres ont des ports défectueux, manquent d’espace mémoire ou sont inutilisables et/ou impossibles à mettre à jour parce que leur mot de passe administrateur a été perdu.
Les écoles ont besoin de beaucoup de support technique, mais n’en bénéficient pas en général. Peu d’écoles recrutent des informaticiens expérimentés capables d’assurer ce service. Beaucoup de membres du personnel scolaire croient que leurs ordinateurs vont « s’user » s’ils les utilisent et, de ce fait, préfèrent les « ménager ». Dans bien des cas, l’environnement scolaire ne favorise pas un bon entretien des salles informatiques. Le personnel de BFI s’est efforcé de sensibiliser les écoles participantes à l’entretien des ordinateurs, mais souvent le problème est qu’ils ne sont pas faits pour ce type d’environnement. Les écoles dotées d’ordinateurs portables ou d’anciens PC semblent mieux s’en sortir, même si des défaillances liées à la vétusté peuvent se produire. À l’avenir, il faudra absolument tenir compte de la durabilité en équipant les écoles d’ordinateurs.
La non-codification de certaines langues africaines constitue un autre défi. L’utilisation des langues varie considérablement d’une région à l’autre. D’où une orthographe et une prononciation variables et incohérentes. Il n’est pas conseillé de consulter un linguiste d’une seule région lorsqu’on utilise des langues non officiellement codifiées, en particulier si les créateurs de contenus vivent dans des zones où les contacts entre locuteurs de différentes langues sont très fréquents, telles que les centres urbains. Finalement, il a fallu consulter des locuteurs originaires de chaque région, mais aussi des linguistes, des éditeurs et des éducateurs et prendre des décisions concertées concernant les règles d’orthographe et d’usage.
Pérennité
L’approche de BFI consiste à associer les autorités gouvernementales à la prise de décisions et au lancement des services. Cette démarche a amené le gouvernement national, séduit par l’impact de la phase pilote, à envisager d’adopter le programme pour l’appliquer, à l’échelle du pays, à divers sous-secteurs de l’éducation (enfants, jeunes et adultes) dans le seul but de soutenir l’alphabétisation multilingue. Les alliances stratégiques nouées avec le ministère de l’Éducation nationale et la Direction provinciale de l’éducation de Limpopo, mais aussi les contributions permanentes d’un comité de pilotage composé de l’ensemble des parties prenantes compétentes aux niveaux provincial et national, sont indispensables pour la pérennité du programme. Les ateliers organisés avec des enseignants, des apprenants et des membres de la communauté ont permis de susciter l’intérêt des apprenants et de les motiver. Le gouvernement national s’est engagé à étendre le programme de 500 % l’année prochaine. Par ailleurs, il sera accessible au public, sous forme de ressource éducative, sur le site web du ministère de l’Éducation nationale. En somme, la stratégie de pérennisation de BFI consiste à apporter un complément peu coûteux aux efforts d’alphabétisation, que les autorités nationales et provinciales sont prêtes à prendre en charge en raison de son impact et de son contenu éducatif de haute qualité. Par son action, le programme BFI développe aussi les capacités des enseignants, des animateurs et des écoles en informatique et en lecture.
Sources
- Grove, A., & Wetterberg, A. (Eds.), 2011, The Early Grade Reading Assessment: Applications and Interventions to Improve Basic Literacy, Research Triangle Park, N.C.: RTI Press
- Ouane, A., & Glanz, C., 2005, Mother Tongue Literacy in Sub-Saharan Africa
Molteno, 2013: http://www.molteno.co.za/our-programmes - Statistics South Africa, 2012, Census 2011: http://www.statssa.gov.za/publications/P03014/P030142011.pdf [accessed 20 Aug 2014]
- UNESCO Bangkok, 2008, Improving the Quality of Mother Tongue-based Literacy and Learning: http://unesdoc.unesco.org/images/0017/001777/177738e.pdf [accessed 20 Aug 2014]
- Wagner, D.A., 2014, Mobiles for reading: A landscape research review, Washington, DC: USAID/JBS
Contact
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