Informations clés du programme
Programme Titre | Programme d'alphabétisation des adultes de TCS |
Organisation chargée de la mise en œuvre | Tata Consultancy Services Limited |
Langues d’enseignement | Neuf langues indiennes (Bengali, Gujarati, Hindi, Kannada, Marathi,Odia, Tamil, Telugu et Ourdou), Arabe et deux langues Africaines |
Date de création | 2000 |
Partenaires | Tata Group, ONG, National Literacy Mission Authority, services pénitentiaires des gouvernements des États de l'Inde. Les ONG partenaires incluent Development Focus, le réseau Don Bosco, Help a Child of India, India Academy for Self Employed Women, la Fondation Partnering Hope into Action et South Orissa Voluntary Action. |
Financement | Logiciels gratuits, expertise technique et financement des ONG pour la mise en œuvre du programme fournis par Tata Group |
Coût annuel | Dépend du nombre de bénéficiaires desservis |
Coût par apprenant : | INR 500 (environ US$7) |
Autres informations | Exécuté en Inde et au Burkina Faso |
Historique et contexte
Le recensement national de 2011 en Inde chiffre globalement les données de l'analphabétisme à environ 283 millions d'analphabètes, dont 65,46% de femmes (Recensement national de l'Inde, 2011). Au même moment, le pays connaît une croissance socio-économique résultant de son dividende démographique favorable, avec une population âgée à 67% de 15 à 65 ans, pour un âge médian de 28 ans. En aidant sa population, en particulier la tranche d'âges clé des 15-35 ans, à relever son niveau d'alphabétisme, l'Inde peut récolter beaucoup d'autres retombées économiques et sociales, mais aussi des bienfaits pour le développement individuel. En 2011, le Fonds monétaire international indiquait qu'en créant les opportunités permettant à cette tranche d'âges de participer à la main d'œuvre, le pays pouvait améliorer son taux de croissance annuel de 2% sur les deux prochaines décennies (Harjani, 2012).
En 1988, l'agence indienne de l'alphabétisation (National Literacy Mission Authority, NLMA) définissait « l'alphabétisation fonctionnelle » comme l'acquisition de compétences dans les « trois R » – lectuRe, écRiture et aRithmétique – couplée à l'aptitude de l'individu à les appliquer à sa vie quotidienne (UNESCO, 2001). Toutefois, l'étendue et la diversité linguistique de l'Inde posent des contraintes énormes en matière d'amélioration des taux d'alphabétisme nationaux. Le recensement de 2011 a répertorié 121 langues maternelles, dont quatorze parlées par au moins 10 millions d’Indiens (Recensement national de l'Inde, 2011). Les autres contraintes incluent le temps requis pour apprendre à quelqu'un à lire, écrire et faire de l'arithmétique simple en usant des méthodes conventionnelles ; les taux d'abandon élevés – souvent dans le moyen et le secondaire – de 27,2% d'après la Direction de la scolarisation et de l'alphabétisation du ministère indien du Développement des ressources humaines (Gouvernement de l'Inde, MHRD, 2018) ; le manque d'enseignants qualifiés et dédiés et les infrastructures inadéquates.
Présentation du programme
Face au faible taux d'alphabétisme du pays, Tata Consultancy Services (TCS), un cabinet multinational d'informatique et de conseil basé à Mumbai et filiale du groupe Tata, a élaboré le Programme d'alphabétisation des adultes (ALP) en 2000 pour appuyer les efforts du Gouvernement indien visant à améliorer l'alphabétisme des adultes. Ce programme repose sur le logiciel d'alphabétisation fonctionnelle informatisée (CBFL) de Tata, qui allie diverses méthodes permettant d’apprendre à un analphabète à lire en peu de temps en s’appuyant sur les mots courants de la langue maternelle de l'apprenant.
Le programme ALP vise à aider les apprenants à acquérir l'alphabétisme fonctionnel en 50 à 55 heures. Pour le mettre en œuvre, TCS signe des contrats avec des ONG locales et apporte son appui financier pour aider à dispenser les cours. Les ONG, appelées partenaires financés, exécutent alors les projets suivant les clauses du contrat et le budget alloué. TCS fournit gratuitement le logiciel CBFL aux partenaires financés – à la condition qu'ils respectent les droits de propriété intellectuelle – et ces derniers lui communiquent l'information sur le nombre d'apprenants atteints. Par ailleurs, TCS travaille en étroite collaboration avec les agences gouvernementales, les autorités pénitentiaires et les institutions académiques pour exécuter le programme en langues locales. Les cours sont gratuits.
Le Programme d'alphabétisation des adultes vise à promouvoir et à renforcer l'éducation des adultes, notamment celle des femmes, mais aussi à proposer des options éducatives aux adultes qui n’ont plus la possibilité d'accéder à l'éducation formelle et/ou ont dépassé l'âge d'aller à l'école (15 ans et plus). En clair, le programme cible les adultes analphabètes de 15 à 35 ans et les femmes (Sakshar Bharat, 2016). À l'heure actuelle, il est mis en œuvre dans 18 États de l'Inde ainsi qu'au Burkina Faso en Afrique de l'Ouest.
Le programme ALP se compose d'un coffret informatique multimédia et d'un système d'apprentissage en ligne (e-Learning) destinés à aider les adultes analphabètes à s'initier à la lecture, à l'écriture et à l'arithmétique dans leur langue locale. Son contenu est présenté via un spectacle de marionnettes multimédia et se focalise sur des mots isolés plutôt que sur l'alphabet afin d'enseigner aux apprenants à lire et écrire 700 mots courants dans leur langue maternelle. Le logiciel est actuellement disponible en neuf langues indiennes (bengali, gujarati, hindi, kannada, marathi, odia, tamil, telugu et ourdou) et trois langues étrangères – arabe, sotho du nord (Afrique du Sud) et mooré (Burkina Faso). Le lien suivant permet de visualiser une démonstration du programme dans quelques-unes de ces langues : https://g01.tcsion.com/dotcom/ALP/demo.html
Exemple de vidéo du projet
https://www.youtube.com/watch?v=Al5mMipV82E
Organisation chargée de la mise en œuvre
Tata Consultancy Services Limited (TCS) collabore depuis 50 ans avec des entreprises à travers le monde, leur fournissant services informatiques, conseils et solutions commerciales. Il a contribué à leur parcours de transformation en mettant à leur disposition un portefeuille informatique intégré, basé sur le conseil et le savoir, les services commerciaux et technologiques, mais aussi l'ingénierie. Ce, grâce à son modèle de service « agile, indépendant du lieu ». Membre de Tata, le plus grand groupe commercial multinational de l'Inde, TCS compte plus de 424 000 employés de 143 nationalités, répartis dans 46 pays et plus de 35% de femmes associées. Sa posture proactive en matière de changement climatique et son action primée à l’endroit des communautés de plusieurs régions du monde lui ont valu de figurer dans des indices de durabilité de premier plan tels que Dow Jones Sustainability Index (DJSI), MSCI Global Sustainability Index et FTSE4Good Emerging Index.
Ces dernières décennies, TCS s'est appuyé sur ses compétences techniques pour concevoir le Programme d'alphabétisation des adultes pour aider à relever les niveaux d'alphabétisme en Inde et dans quelques pays africains.
Programme d'alphabétisation des adultes de TCS
Développement du programme
L'idée d'un programme informatisé pour résoudre le problème du faible taux d'alphabétisme en Inde est de l'ancien vice-président de TCS, Faqir Chand Kohli, considéré comme le père de l'industrie informatique du pays. Pour Kohli, l'informatique alliée à l'innovation peut accélérer l'alphabétisation en Inde. D'où, le lancement d'une initiative à l'échelle de l'entreprise en 2000 qui a débouché sur le Programme d'alphabétisation des adultes grâce à la méthode informatisée CBFL. Au début, il a fallu plusieurs années à une équipe de quatre personnes pour développer des applications multimédia en plusieurs langues. La phase d'essai s'est faite à l'aide d'ordinateurs de bureau dans une salle communautaire du village de Beeramguda (qui était électrifié), dans l'Andhra Pradesh, en mars 2000. L'animateur connaissait bien cette communauté, et le chef de village a apporté le soutien administratif et logistique nécessaire au succès de cette phase pilote. Quinze apprenants y ont pris part sous forme de groupe d'auto-apprentissage.
L'équipe a observé attentivement chaque session et amélioré les modules et processus d'apprentissage étape après étape. À la fin, une animation interactive a remplacé le simple diaporama. Les apprenants se sont bien adaptés aux cours multimédia et fait des progrès constants. Ils arrivaient à lire un journal en telugu en seulement 8 à 10 semaines. Au terme de l'expérimentation, beaucoup d’entre eux savaient lire un journal à une cadence de 10 à 12 mots par minute. Les plus rapides en lisaient 15 à 20 par minute. Alors que la durée standard pour acquérir l'alphabétisme est de 200 heures, il a fallu seulement 35 à 40 heures d'apprentissage pour obtenir ce résultat. Mieux, c’est économique – au total, le programme pilote a seulement coûté 6 à 7 USD par élève. Dans l'ensemble, l'expérience pilote de Beeramguda s'est révélée efficace et extrêmement satisfaisante pour l'équipe de TCS.
Le programme CBFL n'est pas seulement unique par ses composantes. Il l’est aussi par l'idée qui le sous-tend. Pour enseigner la lecture, l'écriture et l'arithmétique à des adultes, les projets d'alphabétisation classiques ont besoin d'enseignants qualifiés et de salles de classe et sont dispensés sur une période de six mois à deux ans (NLM ; Commission de planification, 2014). De même, leurs coûts et taux d'abandon sont souvent élevés. Ils ont tendance à échouer à cause du manque d'enseignants qualifiés et de l'incapacité des cibles à trouver le temps pour suivre des cours sur une longue période.
Pour sa part, le programme CBFL allie l'expertise de l'entreprise en création de logiciels au travail de recherche exemplaire effectué par la NLMA pour lever une partie de ces obstacles. Reposant sur support multimédia, il ne nécessite pas d'enseignants qualifiés. D'où, une baisse du coût de l'éradication de l'analphabétisme. De plus, il se focalise sur un résultat très précis : les participants doivent acquérir un vocabulaire de 700 mots dans leur propre langue et disposer ainsi d'un savoir suffisant pour participer à, et accomplir, des activités courantes comme lire la destination d'un bus, un document simple, voire le journal.
L’outil multimédia a été choisi pour présenter les cours du fait qu'il permet de les dispenser facilement sur ordinateur. Les experts de TCS ont décidé de dispenser l'apprentissage sous forme d'info-divertissement. Pour démystifier le caractère intimidant du matériel informatique et attirer et motiver les apprenants, l'équipe s'est intéressée au folklore local et aux formes de divertissement traditionnel. Elle a trouvé que le spectacle de marionnettes du village était une métaphore connue et réconfortante et en a fait, en conséquence, le thème visuel du curriculum
Buts et objectifs
À travers son Programme d'alphabétisation des adultes, TCS vise les objectifs suivants :
- Promouvoir et renforcer l'éducation des adultes, en particulier celle des femmes, en étendant les opportunités éducatives aux adultes ayant un besoin d'apprentissage de base mais qui ont dépassé l'âge scolaire standard et ne peuvent plus accéder à l'éducation formelle
- Encourager les apprenants à participer aux activités de la vie courante qui exigent des compétences linguistiques
- Appuyer, par la technologie, les efforts du gouvernement indien visant à accélérer le rythme d'alphabétisation des adultes dans tout le pays
Groupes cibles
La cible du programme ALP se compose de travailleurs adultes âgés de 15 ans révolus appartenant aux groupes devant bénéficier d'une « discrimination positive » (femmes, minorités, etc.) qui ne savent ni lire ni écrire dans leur langue maternelle (Fullinwider, 2018). Le programme est destiné en particulier aux femmes pauvres analphabètes et aux individus victimes de discrimination en raison de leur caste, croyance, ethnie, religion ou sexe. Dans un souci de porter l'initiative aux différents segments de la société, TCS a également introduit la technologie CBFL dans les établissements correctionnels. Le programme y est dispensé pour favoriser la réhabilitation de 70 000 détenus, y compris ceux du complexe carcéral de Tihar, le plus grand d'Asie du Sud. Il a été étendu aussi aux détenus des prisons de Maharashtra, Tamil Nadu, Telangana, Bengal-Ouest et Delhi
Mise en œuvre du programme
Depuis la création du Programme d'alphabétisation des adultes par Tata Consultancy Services en 2000, les résultats montrent qu'il faut aux travailleurs adultes environ 50 heures d'instruction, réparties sur 12 à 15 semaines, pour achever le cours. Actuellement, le programme est en cours dans 18 États indiens et au Burkina Faso. Il est spécialement conçu pour, et mis en œuvre par, des organisations partenaires formées pour exécuter le processus avec les apprenants des différents États et pays.
La mise en œuvre efficace du programme dépend d'une collaboration avec les collectivités locales ou des ONG. Cette approche localisée permet aux organisations locales de mettre en place et gérer elles-mêmes les centres une fois leur formation terminée. TCS fournit le logiciel didactique aux centres et apprend à un instructeur local, appelé prerak, à utiliser les équipements et, surtout, le logiciel. Par la suite, le prerak se sert d'un ordinateur pour dispenser les cours à des groupes de 15 à 20 élèves (par séance). Aucune infrastructure de taille ou formation poussée des preraks n'est nécessaire.
En plus du logiciel didactique et des supports de présentation multimédia, les centres reçoivent, de la NLMA, des supports imprimés et des manuels. Il s'agit, notamment, de manuels produits par les Centres de documentation des États (SRC, State Resource Centres) dans leurs langues locales et reconnus par la NLMA comme intégrant sa méthode.
Les cours durent une heure et demie à deux heures par jour, cinq à six jours par semaine pendant environ trois mois et sont adaptés aux besoins de la communauté locale. Un aspect clé de l'efficacité du programme réside dans son format multimédia grâce auquel les participants apprennent à prononcer correctement les mots/lettres au lieu de dépendre exclusivement des preraks pour leur prononciation.
Afin d'améliorer et de maintenir la cohérence et l'efficacité du programme, TCS a élaboré des instructions détaillées pour les organisations et centres désireux de le mettre en œuvre et de le dispenser. Elles portent sur les conditions, le cadre et le processus que chaque organisation devra mettre en place et sont présentées ci-dessous.
Mise en place du programme
D'abord, une étude de référence est faite pour confirmer le taux d'alphabétisme de la zone choisie et identifier les besoins et niveaux d'alphabétisme spécifiques de la population cible. Suit le recrutement des preraks devant dispenser les cours en ciblant les candidats connaissant l'environnement local, titulaires d'un diplôme de fin d'études (High School Leaving Certificate, 10 ans d'études ou plus) et ayant des connaissances de base en informatique. Puis, on identifie les apprenants potentiels, avec un accent particulier sur les femmes et les segments défavorisés de la communauté locale, tels que les castes répertoriées (SC, Scheduled Castes)/ les tribus répertoriées (ST, Scheduled Tribes) et les minorités (Nath et Parakandathil, 2015).
Au cours de ce processus, on encourage l'approche par groupes afin de pouvoir répartir l'appui en matière d'enseignement et d’entretien entre les centres et, ainsi, pouvoir gérer le suivi. De même, on déconseille aux organisations de disperser les centres sur une vaste zone (rendant les uns difficilement accessibles des autres). TCS forme les formateurs ou le personnel de l'organisation de mise en œuvre qui dispensera le programme dans un groupe de centres d'une même zone. Enfin, on en arrive à une étape formelle du processus avant le démarrage du programme pendant laquelle on communique les attentes et on souligne l'importance de l'assiduité et de la régularité
Ressources en capitaux
Il est important de mobiliser la communauté pour stimuler la sensibilité, l'enthousiasme et la participation des apprenants en classe. De plus, le lieu d'instruction choisi doit être accessible aux apprenants, bien aéré, électrifié, équipé d'une table pour poser l'ordinateur et assez grand pour accueillir 15 à 20 personnes confortablement assises. Lorsque l'électricité n'est pas stable, les centres doivent se doter d'un onduleur ou d'un régulateur de tension.
De même, des supports de lecture et d'écriture doivent être distribués aux apprenants. Par exemple, chaque participant doit recevoir un cahier et un stylo. Il faut également acheter des manuels auprès des SRC. Par la suite, au fil du programme, les apprenants doivent recevoir des supports de lecture adaptés pour s'exercer, tels que des dépliants et des journaux. La lecture de journaux peut être introduite dès l'achèvement de la première partie du manuel.
L'organisation de mise en œuvre peut préparer ou acquérir des supports adaptés pour tester le niveau des participants en lecture. Les contenus appropriés peuvent inclure la sensibilisation sanitaire, l'alimentation et la nutrition, la conservation de l'eau, l'assainissement, les questions éducatives, la sensibilisation des consommateurs et la comptabilité. Elle doit aussi préparer des contenus relatifs au travail pour permettre aux membres de lire et s'exercer après avoir achevé le manuel. Il peut s'agir d'informations sur la santé et les bonnes pratiques professionnelles, d'informations sur leurs droits, etc. Tout cela aidera l'apprenant à s'habituer à lire.
Organisation des cours
Les emplois du temps doivent être fixés de concert avec les participants. Les cours devront avoir lieu aux heures prévues, les jours prédéfinis. En outre, un cours CBFL peut comprendre une heure d'enseignement par ordinateur suivie d'une demi-heure de pratique (temps de révision). Les cours doivent avoir lieu cinq à six jours par semaine, avec un écart minimal entre eux, sur une durée minimale de trois mois. Chaque chapitre de lecture doit être suivi d'un chapitre d'écriture.
Règlement régissant les cours
Avant tout, il est important de veiller scrupuleusement à l'assiduité. Pour cette raison, il convient d'ouvrir un registre de présence à remplir au début de chaque session. En outre, avant toute nouvelle leçon, il faut réviser brièvement les cours précédents afin d'assurer la continuité et la rétention. Pour s'exercer en écriture, les apprenants doivent commencer par écrire dans leur cahier des mots ou expressions connus, comme leur nom, celui de leurs proches, etc. Cela stimulera la participation et renforcera leur assurance. L'alphabétisme, notamment celui des néo-alphabètes, est très fragile et doit être consolidé après l'achèvement du manuel. Il est recommandé d'organiser, pendant les cours, des visites périodiques du personnel de supervision (de l'organisation de mise en œuvre) aussi bien pour le suivi que pour motiver les participants. Il convient également d'encourager les apprenants à passer l'examen gouvernemental biannuel pour adultes de la NIOS (National Institute of Open Schooling). L'obtention d'un diplôme public officiel peut être un facteur de motivation pour eux. L'achèvement du programme signifie que tout le village ou la zone choisie a été desservi et qu'un taux d'alphabétisme de 100% a été réalisé. L'étape suivante consiste à passer à d'autres groupes cibles.
Méthodes et approches d'enseignement-apprentissage
TCS a assis l'approche CBFL, sa méthode d'enseignement innovante, sur la puissance de la technologie alliée à la théorie de la connaissance et aux lois de la perception. La méthode CBFL s'appuie sur l'animation graphique pour un apprentissage visuel et auditif facile et réalise l'alphabétisation fonctionnelle en 50 heures d'apprentissage environ. La combinaison d'images visuelles avec la répétition de sons permet de mieux reconnaître, retenir et se rappeler les mots.
Le processus cognitif comporte trois dimensions. Pendant la lecture, la cognition a lieu (a) directement à travers la reconnaissance des signes graphiques, (b) indirectement à travers les sons et (c) par déduction à travers les sentiments et les sensations. Partant des études antérieures de l'organisation en matière d'apprentissage informatisé de la lecture animé par un enseignant, l'équipe de TCS a compris les variables du processus de pensée qui influencent la compréhension optimale et a conçu, en conséquence, des modules d'apprentissage qui ont introduit et renforcé un aspect de ces variables. Les thèmes des supports d'apprentissage s'articulent autour des « trois R » de l'alphabétisation fonctionnelle. Autrement dit, les modules sont conçus pour cibler la lecture, l'écriture et l'arithmétique.
Pour réaliser ses objectifs, le programme utilise une combinaison de formats d'enseignement alliant logiciels, présentations multimédia et supports imprimés. Pour compléter les ordinateurs dans ce processus, il utilise des manuels de la NLMA à titre de référence. Pour ses cours, TCS a adopté l'approche et beaucoup de manuels de la NLMA, puisqu'il s'agit de manuels amplement testés, faciles à obtenir et très pratiques. Mais, là où les cours de la NLMA requièrent plus de temps et de ressources et des enseignants dédiés et bien formés, la méthode CBFL accélère le processus d'apprentissage grâce à des modèles d'apprentissage scientifiques, cognitifs et pédagogiques basés sur la cognition, la langue et la communication et adopte une approche systémique (Kerzner, 2017). Le modèle du spectacle de marionnette et des jeux populaires ruraux animés enseigne aux apprenants à utiliser un format et des contenus qui leur sont familiers.
Un centre CBFL à Bhagatpur, Inde, mai 2016
Contenu (curriculum) et supports d'enseignement
Au lieu de réinventer la roue, TCS a adopté une approche consistant à s'appuyer sur le travail d'autres organisations. Le programme ALP, qui utilise les marionnettes comme toile de fond de son processus pédagogique, a été conçu à partir de supports développés par la NLMA, une agence créée par le gouvernement indien en 1988 pour éradiquer l'analphabétisme des adultes du pays. Bien documentés et formulés, les cours de la NLMA sont adaptés pour les différentes langues, voire les dialectes. Le modèle CBFL adapte la majorité des manuels NLMA et les intègre directement dans ses cours. Toutefois, les cours classiques de la NLMA exigent plus de temps et de ressources que les 50 heures que requiert le programme ALP, mais aussi des enseignants dédiés et spécialement formés. Ainsi, le programme ALP accélère le processus d'apprentissage grâce à la connaissance scientifique des modèles d'apprentissage cognitifs et pédagogiques.
En particulier, le projet emploie l'animation graphique et une voix off pour expliquer comment les différentes lettres se combinent pour donner structure et sens aux différents mots. Les leçons tirées des manuels de la NLMA sont conçues à l'aide de l'approche « éclectique », qui présente chaque nouvelle lettre à partir d'un mot courant. Un récit est construit autour d'un groupe de mots, et des images, dessins et exercices sont utilisés pour consolider les acquis. Pour donner aux élèves des options et activités supplémentaires, le programme a été considérablement amélioré grâce au développement d'une application mobile et de solutions pour tablette et eBook. Ces ressources supplémentaires sont des versions électroniques des manuels de la NLMA, faites pour prendre en charge la lecture d'un texte continu par phrases et paragraphes.
Recrutement et formation des animateurs
Les preraks sont formés par des animateurs bénévoles de TCS afin de mettre en œuvre efficacement le programme. Le concept adopté est « Former le formateur » et la méthode est bien documentée et suivie de près. La formation dure deux jours, et les preraks reçoivent une expérience pratique du logiciel ainsi qu'une instruction sur la méthode de formation, des conseils pour mobiliser les apprenants et susciter leur intérêt et d'autres informations. Ils apprennent aussi les notions de base en informatique, la navigation et le dépannage. Ils reçoivent en outre les documents suivants : Standardized Adult Literacy Programme Manual (Manuel standardisé du Programme d'alphabétisation des adultes) ; Data Bank of Monitoring Questionnaire (Monitoring and Assessment) (Banque de données du questionnaire de suivi (suivi et évaluation)) et diverses listes de vérification. Grâce à ces documents, le programme est passé d'un mode anthropocentrique à un mode centré sur les processus.
Les preraks retenus pour dispenser les cours ALP doivent savoir utiliser l'ordinateur, avoir de préférence de l'expérience en leadership d'un groupe communautaire et avoir achevé le lycée (10 ans d'études). Ils sont payés par leur ONG – environ 4 000 INR par mois pour deux sessions de 1,5 à 2 heures chacune, cinq jours par semaine.
Recrutement des apprenants
Des stratégies innovantes sont utilisées pour la mobilisation communautaire. D'abord, le partenaire de mise en œuvre mène une étude de référence pour déterminer le taux d'alphabétisme de la zone choisie et identifier les besoins et niveaux d'alphabétisme de la population cible. Pour cela, il lance une vaste campagne de motivation et de mobilisation sociales afin de faire connaître les bienfaits de l'alphabétisme, avec des stratégies ciblées qui tiennent compte du contexte local. Le message est transmis avec tellement de force que le débat sur l'alphabétisme intègre le discours social et pousse les personnes peu alphabétisées, notamment les femmes, à participer à l'apprentissage. La création d'un tel environnement est nécessaire car la demande en alphabétisation n'est pas uniforme dans ces localités.
Une approche à plusieurs volets est alors adoptée pour informer la communauté de l'existence de l'organisation et communiquer son emplacement, son public cible, ses objectifs et ses résultats attendus. Cette approche inclut des supports imprimés et non imprimés tels que affiches, brochures, chants, programmes culturels, spectacles de marionnettes, théâtres de rue, écriture murale, expositions itinérantes, rassemblements et réunions à des endroits stratégiques.
Après cet effort de mobilisation, l'organisation partenaire (ONG, administration pénitentiaire, etc.) identifie et prépare une liste d'apprenants. En particulier, elle identifie les adultes de plus de 15 ans, analphabètes ou redevenus analphabètes après déscolarisation. Un test préliminaire, contrôlé et vérifié par l'organisation partenaire, est organisé avant le recrutement des apprenants. Plusieurs groupes doivent être identifiés : groupes homogènes, membres analphabètes d'associations, femmes issues des SC, des ST, des minorités et d'autres groupes spéciaux. Les apprenants remplissant ces critères sont alors conviés à suivre les cours.
Un cours CBFL, octobre 2017
Évaluation des résultats d'apprentissage
Les progrès de chaque apprenant sont enregistrés grâce au logiciel TCS Progress Monitoring, basé sur Excel et HTML, pour aider les organisations partenaires à suivre l'assiduité et les résultats de leurs apprenants. Les instructeurs des centres locaux utilisent ces outils pour enregistrer l'assiduité et le niveau d'alphabétisme de chaque apprenant. Les preraks enregistrent les données au format électronique et peuvent, de ce fait, les partager par email avec leurs superviseurs respectifs.
Individuals who participate in the programme are encouraged to partake in basic education tests conducted by the National Institute of Open Schooling (NIOS) so they can be declared to be functionally literate after completing the programme. These tests are done biannually and lead to certification by the Government of India, which is often a motivating factor for participants.
On encourage les participants à faire les tests d'éducation de base organisés par la NIOS afin de pouvoir être déclarés alphabètes fonctionnels à la fin du programme. Ces tests ont lieu deux fois par an et sont sanctionnés par un diplôme officiel indien, ce qui constitue un facteur de motivation pour les participants.
La conception du curriculum inclut une évaluation toutes les trois leçons. Ainsi, l'apprenant subit environ huit évaluations par manuel pendant sa période d'apprentissage. En outre, les bénévoles de TCS organisent des visites périodiques pour suivre l'évolution du programme et donner leur avis. Ils organisent également une évaluation finale, basée sur un test élaboré en interne, en collaboration avec l'organisation de mise en œuvre. Les apprenants sont évalués et notés à partir de ces tests. Préparée par les différents preraks de concert avec les superviseurs du programme, l'évaluation dure trois heures. Des bénévoles de TCS aident les preraks et les superviseurs à organiser ces tests. L'évaluation des apprenants est, par conséquent, un processus de vérification des résultats des programmes sur la base de deux facteurs : (i) le niveau de compétence de l'apprenant en alphabétisme (lecture, écriture et arithmétique) évalué au moyen d’un test écrit et (ii) l'autonomie acquise grâce à sa participation au programme. L'ensemble de l'évaluation est noté sur 150 points, soit 50 pour chaque compétence. S'il réussit, le participant reçoit un relevé de notes consolidé – un certificat de la NLMA et de la NIOS tel que conçu et développé par la NIOS.
Suivi et évaluation
TCS assure le suivi et évaluation périodique du programme. Ses bénévoles organisent des visites de revue périodique – au moins une fois par trimestre – des centres CBFL pour évaluer l'effectivité de l'enseignement, interagir avec les apprenants et suivre l'évolution et l'efficacité du programme dans sa globalité. Lors de ces visites, ils administrent un test d'évaluation pour jauger les connaissances et la compréhension des apprenants. Ce test consiste à leur poser des questions interactives ainsi qu'à leurs preraks et aux coordinateurs et superviseurs de l'ONG. Il est complété par une liste des observations faites sur place. Les bénévoles font des suggestions destinées à améliorer le processus et l'appui fourni, ce qui à leurs yeux renforcerait l'efficacité des sessions ALP. Mieux, ils évaluent chaque apprenant pour suivre l'évolution de son niveau d'alphabétisme fonctionnel, avant d'administrer un test de sortie. Le suivi et évaluation se fait à l'aide de modèles de questionnaires standardisés pour les bénévoles et de supports de test utilisés pour les besoins de l'évaluation. Ensuite, coordinateurs et bénévoles du programme ALP discutent de leurs observations et répondent aux questions soulevées au niveau des centres.
Les ONG chargées de la mise en œuvre aussi partagent leur feedback tous les mois avec TCS à l’aide d’un format prédéfini. Ce feedback porte sur le nombre de bénéficiaires effectifs, les villages desservis, les résultats, les défis, etc. De même, les ONG font un feedback basé sur des études de cas d'impact contenant photos et témoignages. Elles peuvent l'envoyer directement sur le site Web (https://g01.tcsion.com/dotcom/ALP/feedback.html) ou au moyen d'un formulaire mensuel prédéfini.
Les ONG aussi participent activement au processus d'évaluation. De même, elles aident TCS à collecter le feedback via son outil Data Bank of Monitoring Questionnaire, développé pour faciliter la saisie et la conservation des données lors de la phase de suivi.
Impact et défis
Impact et réalisations
Du fait de l'ampleur de la couverture de TCS et de la simplicité d'un système d'apprentissage informatisé, le programme a pu atteindre un grand nombre d'apprenants. Pour les deux derniers exercices budgétaires, l'impact du programme se présente comme suit : en 2018-19, il a atteint 365 411 bénéficiaires, soit une progression par rapport aux 173 876 apprenants de l'exercice précédent (2017-18). De son démarrage en 2000 à juin 2019, le programme a atteint plus de 950 000 apprenants.
Les réalisations du programme se mesurent en termes de Couverture, de Résultat et d'Impact (CRI).
Le CRI est un outil d'évaluation mis au point en interne, qui saisit les données de couverture et de services fournis à l'aide de moyens numériques. Résultats et impacts sont mesurés par le biais de tests et d'études de cas. Le CRI permet à l'entreprise de quantifier le bienfait social :
- - Couverture : dans quelle mesure les programmes et services ont atteint la communauté et sa population
- - Résultat : résultats obtenus grâce au programme
- - Impact : mesures des changements en termes de bien-être général
Les bénévoles de TCS appliquent les questionnaires CRI au moment d'évaluer chaque apprenant lors de leurs visites de revue périodique des cohortes dans les centres ALP.
Concernant la Couverture, plus de 950 000 individus ont achevé le programme de 2000 à juin 2019, avec un accent particulier sur les femmes, les bénéficiaires issus des segments sociaux éligibles pour la discrimination positive et les détenus des prisons et centres correctionnels. (Le mécanisme d'apprentissage et d'évaluation des détenus est le même que celui des apprenants d'un centre ordinaire. Toutefois, la fréquence des cours peut être différente. De plus, les instructeurs doivent continuer à motiver les détenus pour les intéresser.) À ce jour, TCS a mis en œuvre le programme dans 18 États de l'Inde au profit des populations rurales et tribales.
Pour ce qui est du Résultat, un participant au programme devient alphabète fonctionnel après 50 à 55 heures de cours.
L'Impact du programme est expliqué ci-dessous en termes de bienfaits pour les apprenants, les preraks et la communauté.
Bienfaits pour les apprenants
Paramètres | Impact créé |
---|---|
Mental | Renforcement général de l'assurance dû à l'amélioration des compétences orales, écrites et mathématiques ; assurance accrue en matière de prise de décisions ; estime personnelle renforcée. Ces gains sont mesurés à l'aide d'études de cas et d'indicateurs conçus par TCS |
Socioculturel | Relèvement du statut au sein de la cellule familiale ; motivation accrue à encourager et suivre la fréquentation scolaire des enfants ; plus grande participation aux décisions familiales et aux activités communautaires |
Physique | Mobilité accrue (capacité à se rendre à la banque, à utiliser le transport public, etc.) |
Économique | Amélioration des finances générales ; confiance accrue pour contracter des prêts/utiliser les services bancaires grâce à une meilleure compréhension des chiffres ; participation accrue aux activités économiques, telles que les mutuelles ; participation accrue aux activités de renforcement des compétences |
Politique | Participation aux instances dirigeantes du village avec une meilleure compréhension des politiques publiques de santé, d'éducation, etc. |
Témoignages et récits d'impact
Récit d'impact - Kaliben Mansingh Rathore
Récit d'impact - Kaliben Mansingh Rathore
Kaliben Mansingh Rathore, participante au programme ALP du petit village tribal de Chandra Shekhar Azad Nagar dans le district d'Alirajpur du Madhya Pradesh, Inde.
Kaliben vit avec son mari, ses enfants et ses petits-enfants. Elle a toujours voulu s'alphabétiser, sans pouvoir réaliser son souhait pour des raisons financières et sociales. Kaliben s'est mariée jeune et s'est consacrée à sa famille. Elle était très contente lorsqu'un partenaire de TCS a lancé le programme CBFL dans son village. Son rêve d'enfance s'était réalisé, quoique difficilement. En effet, elle a dû affronter beaucoup d'obstacles lorsqu'elle a commencé à suivre les cours. Mais, mue par sa forte détermination, Kaliben a surmonté ces difficultés et suivi assidûment les cours.
Maintenant, son univers a subitement changé parce qu'elle sait lire et écrire. Désormais, sa famille est fière d'elle et la soutient. Elle enseigne des mots et des lettres à ses petits-enfants pendant que leurs parents sont au travail. Maintenant, elle peut voyager seule et se rendre n'importe où en toute autonomie. Son assurance s'est beaucoup renforcée.
« J'ai réalisé mon rêve d'enfance grâce au programme CBFL – je ne dépends plus des membres de ma famille, et je peux voyager seule sans assistance. J'enseigne aussi des lettres et des mots à mes petits-enfants et, pour cette raison, mes belles-filles sont fières de moi ».
Récit d'impact - Asha Devi
Seema Devi 25 ans, habite le village de Bhuriyawaas du district d'Alwar du Rajasthan. Elle n'a jamais fait l'école formelle. Après son mariage, elle a rejoint son mari, éleveur à Bhuriyawaas. Si celui-ci devait se déplacer, elle pouvait faire tout le travail de la ferme à sa place mais ne savait pas enregistrer les transactions et devait constamment se faire aider par les voisins. Seema se rappelle qu'elle était complètement à la merci des autres parce que, avant le programme ALP, elle ne savait ni lire ni écrire. Après les cours, elle rentrait à la maison et, portée par son désir de s'alphabétiser, elle continuait à apprendre avec ses enfants. Grâce à l'usage de la technologie mobile et de logiciels innovants pour un enseignement à un rythme confortable, axé sur l'alphabétisation fonctionnelle contrairement à l'approche classique, le projet a pu réaliser une large couverture géographique de cette région, avec la participation de la plupart des femmes au foyer. Aujourd'hui, poussée par les cours d'alphabétisation, Seema contribue activement aux revenus de sa famille. Elle sait non seulement tenir le registre de la ferme, mais aussi suivre avec succès la scolarité de ses deux jeunes enfants de six et huit ans.
Impact Story - Asha Devi
« Comment vous sentiriez-vous si vous passiez d'une obscurité aveuglante à la lumière ? C'est ce cadeau que vous fait l'alphabétisme », confie Asha Devi, 45 ans, de Narayanpur dans le Rajasthan.
Jeune fille, Asha accordait peu d'intérêt aux efforts de ses parents pour la scolariser. Mais, avec l'âge, elle a compris le handicap que représentait l'analphabétisme.
Elle a toujours aimé coudre, mais comme elle ne savait pas prendre les mesures exactes, ses clients se plaignaient souvent de la taille de leurs habits, et elle n'a jamais pu réellement exercer le métier de couturière.
Avec le lancement du programme ALP dans son village, Asha a saisi l'occasion pour s'éduquer.
Aujourd'hui, Asha dirige un centre de couture chez elle et propose jusqu'à deux mois de formation. Pouvant accueillir cinq apprentis à la fois, à raison de 1 000 INR par mois chacun, elle a un revenu mensuel garanti de 5 000 INR en plus des recettes tirées des habits qu'elle coud pour sa clientèle régulière.
La mise en œuvre du programme comporte aussi de nombreux bienfaits pour les animateurs.
Bienfaits pour les animateurs
Les preraks tirent divers avantages de leur travail. Ils sont respectés au sein de leur famille et de leur communauté, et leurs proches finissent par comprendre la valeur de l'éducation et sont motivés pour apprendre. De leur travail, ils tirent aussi des revenus et la satisfaction de faire du bien pour la société en étant acteur du changement. De plus, ils gagnent en assurance et en estime personnelle, leur travail et leur contribution étant reconnues et saluées. Enfin, les preraks acquièrent un savoir pédagogique susceptible de leur ouvrir de nouvelles opportunités.
Il est également reconnu que les communautés tirent de nombreux bienfaits de l'intervention d'un projet d'alphabétisation dans leur localité. TCS a marqué de son impact de nombreuses communautés avec son programme ALP.
Bienfaits pour les communautés
Une amélioration générale du niveau d'alphabétisme renforce la sensibilité aux questions de santé, d'assainissement et d'éducation et l'intérêt pour la politique du gouvernement. Ainsi, les compétences acquises par chaque individu sont transmises aux autres, créant une communauté d'apprentissage et un intérêt partagé pour l'alphabétisation. Cela peut également faciliter la formation de mutuelles et le renforcement de la participation des individus aux activités de promotion économique communautaire. Ce qui peut influencer positivement d'autres membres de la communauté encore analphabètes et créer, de ce fait, un effet d'entraînement.
Quatre journaux internationaux ont publié des articles sur le programme et ses résultats. Le Programme d'alphabétisation des adultes et le logiciel Computer Based Functional Literacy ont aussi remporté plusieurs prix nationaux et internationaux.
Prix et récompenses
- IXème Prix numérique de l'Inde 2018, catégorie Prix de l'autonomisation numérique, sociale et économique pour le meilleur usage de la technologie pour stimuler/exécuter l'initiative RSE
- Prix SABERA (Social and Business Enterprise Responsible Awards) 2018, catégorie Entreprise responsable
- Prix 2018 de l'Institut PMI (Project Management Institute) pour l'Inde, catégorie Projet de l'année : contribution en faveur de la communauté
- Prix international IBM Beacon 2017, catégorie Service communautaire exceptionnel
- Certificat de mérite, Conférence nationale ONU-GCNI 2016
- TATA Innovista - Demi-finaliste édition 2016
- Prix mondial 2014 pour l'Excellence en RSE et le leadership, catégorie Éducation et formation : entreprise sociale
- Prix RSE pour le développement communautaire 2013-14 décerné par HYSEA (Hyderabad Software Enterprises Association)
- Premier prix annuel ITsAP 2012 pour la responsabilité sociale d'entreprise
- Prix Highly Commended de Coffey International pour l'Excellence 2011 décerné par BITC, Royaume-Uni
Défis
Défis d'ordre environnemental, économique et social
Le processus de développement et de mise en œuvre du programme ALP n'a pas été de tout repos. Beaucoup d'apprenants sont issus de communautés pauvres, marquées par l'exclusion économique et sociale et/ou le retard culturel et le mépris politique. D'où, une plus grande difficulté à les persuader à participer. Parmi les autres défis, la migration liée aux récoltes (campagne de mousson) pendant laquelle les apprenants partent vers d'autres localités en quête de moyens de subsistance et, de ce fait, ont peu de chances de suivre les cours. La tradition et les facteurs culturels aussi jouent sur les taux de participation. Beaucoup de tribus sont occupées pendant la saison des festivités, tandis que certaines minorités voient d'un mauvais œil la fréquentation assidue des centres pour adultes. Pour réduire les taux d'abandon, il a fallu relever ces défis en sensibilisant les apprenants et en leur faisant prendre conscience de l'importance de l'éducation. Dans beaucoup de cas, les sessions sont organisées, après consultation entre le centre et les animateurs, en tenant compte de la disponibilité des apprenants. Pendant les cours, les preraks soulignent l'importance de l'éducation en s'appuyant sur des exemples d'ordre social, économique et religieux.
Défis liés à la communication
À l'exception des partenaires financés, il n'existe aucune structure de rapportage établie pour les organisations de mise en œuvre en matière de documents et d'archives. Il a été difficile de recevoir à temps un feedback mensuel/trimestriel de leur part. Pour les aider, TCS a créé un lien sur le site Web du programme pour obtenir un feedback de façon structurée.
Défis liés à la collaboration
Lors du déploiement du programme, plusieurs erreurs ont été commises en termes de mobilisation et de suivi à cause des retards et interruptions dus à des obstacles rencontrés sur le terrain. Des cours ont dû être annulés pendant plusieurs jours pour cause de deuil familial ou de festivités. La mousson aussi est source de problèmes, avec certains centres aux toits non étanches et des routes inondées. Parmi les autres problèmes, l'électricité intermittente, des instructeurs démotivés et certains centres situés à un mauvais endroit. Dans les prisons, les détenus en attente de jugement n'achèvent pas toujours le cours puisque leur peine peut être imprévisible et courte. Au Burkina Faso, où TCS n'est pas présent, la collaboration doit être gérée par l'intermédiaire d'un seul point de contact du partenaire du programme. Pour tous ces cas, les problèmes ont été résolus en discutant avec les partenaires, mais aussi grâce aux visites de revue périodique des centres CBFL.
Défis liés à la confiance
Comme le programme forme de jeunes adultes venant de villages éloignés, il y a beaucoup d'appréhensions et de méfiance parmi leurs proches, les villageois et les membres de la communauté. Les proches des femmes preraks rechignent à les laisser se faire former hors de leur localité. Pour surmonter ces problèmes, on organise de nombreuses réunions régulières avec l'ensemble des parties prenantes et des séances de conseil au profit des familles.
Pérennité
Depuis son lancement, le programme ALP a été géré comme un projet professionnel, avec tous les processus requis, de l'identification des partenaires de mise en œuvre à la diligence raisonnable en passant par les documents appropriés (manuels, modèles de rapportage standardisés pour les ONG, bénévoles, etc.), les enquêtes et visites de terrain, la formation, le suivi et évaluation, le feedback et les rapports, etc.
Ainsi, toutes les parties prenantes – apprenants, néo-alphabètes, instructeurs et organisateurs – sont motivées pour pérenniser l'effort d'alphabétisation au-delà de l'achèvement du projet. Le niveau d'alphabétisme acquis pendant les trois mois du programme est consolidé sous forme d'éducation continue afin d'éviter que les apprenants ne redeviennent analphabètes. Ils sont orientés vers des centres post-alphabétisation (PLC) établis dans les villages et dirigés par des preraks. Ces PLC proposent divers services, dont une bibliothèque et une salle de lecture. Les apprenants sont également encouragés à participer à des formations thématiques de courte durée organisées au PLC. Une autre intervention importante des partenaires du programme pour pérenniser les efforts du projet consiste à former un Club d'apprenants pour chaque cohorte. Tous les participants deviennent membres d'un club qui continue de se réunir après la fin du projet. Le processus d'apprentissage se poursuit dans ces clubs, même si le prerak n'y participe pas. Le club offre un cadre pour discuter de divers sujets liés à l'éducation, la santé, l'agriculture, l'habitat et aux questions sociales selon les besoins et centres d'intérêt de ses membres. Il sert d'espace pour partager des idées et exprimer des opinions. Ainsi, il encourage à participer davantage à améliorer le fonctionnement du village, mais aussi à lever peu à peu les barrières entre membres de la communauté.
Ainsi, cette innovation a permis au projet de réaliser de nombreuses avancées. Elle a permis à TCS d'appliquer cette technologie à d'autres initiatives dans le cadre de son programme de développement des compétences. Dorénavant, TCS entend toucher plus de bénéficiaires. Plusieurs ONG ont exprimé leur souhait de collaborer avec lui, et TCS prévoit de nouer des contrats avec de nouveaux partenaires pour une plus grande diffusion du programme en étendant sa couverture en zone rurale et tribale. La réaction enthousiaste des gouvernements et des ONG, à ce jour, témoigne de la viabilité et de la pérennité du programme. Le projet CBFL peut être un facteur clé pour atteindre l'ODD 4 tel qu'il est envisagé par l'UNESCO.
Sources
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Head, Adult Literacy Program
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